Déraillement de train mortel, écrasement d’avion, tempête de verglas, tremblement de terre, glissement de terrain, tsunami, acte terroriste, les catastrophes, qu’elles soient naturelles ou provoquées par l’homme, laissent généralement des séquelles psychologiques chez les victimes et les témoins. Si les enfants et les personnes âgées sont particulièrement affectés par ces événements, de nombreux adultes en ressentent aussi les effets.
Des pertes importantes
Évidemment, chaque catastrophe s’accompagne de pertes importantes. C’est ce sous-sol qu’on devra refaire au lendemain d’une inondation. Ce sont ces travaux majeurs qu’on devra entreprendre après une forte tempête, une microrafale ou une tornade. Ce sont ces biens matériels qu’il faudra remplacer en cas de conflagration.
La perte de ces biens sera compensée en tout ou en partie. Il ne faudra que des efforts, physiques et/ou financiers, pour remplacer le matériel endommagé ou détruit. Souvent, lors d’une catastrophe, les voisins épargnés apportent leur aide, on organise des collectes. Bref, la vie continue.
Ces catastrophes, si importantes soient-elles, se traduisent généralement par des sentiments de nostalgie, d’incompréhension, voire de colère ou de résignation. Mais les impacts psychologiques sont plus importants si des proches, des amis, des connaissances disparaissent, ou si les médias font largement état de la nouvelle en raison de son caractère spectaculaire.
Les impacts psychologiques
Chaque personne réagit différemment lors d’un événement tragique. Ce phénomène est lié à la personnalité de l’individu bien sûr, mais il sera plus ou moins important selon l’implication personnelle de ce dernier lors de la catastrophe (victime, témoin, tentative de porter secours, etc.). Et les réactions peuvent se manifester plusieurs mois après le drame.
Adulte
À l’âge adulte, les victimes et les témoins peuvent ressentir :
- un stress aigu;
- une peur intense;
- un sentiment d’impuissance ou d’horreur;
- une forme de dépersonnalisation (se sentir comme dans un brouillard);
- une forte colère;
- du ressentiment;
- des difficultés de concentration;
- de l’irritabilité;
- de l’insomnie;
- une baisse d’intérêt envers son travail, ses proches, un passe-temps;
- des troubles de personnalité;
- une perte de confiance en l’avenir.
Toutefois, si les victimes sont touchées par une catastrophe naturelle « inévitable », les impacts sont généralement moins importants. L’être humain aura alors le désir d’entrer en action pour « reconstruire sa vie ».
De plus, les membres des services d’urgence, même s’ils sont formés pour intervenir dans des situations difficiles, pourraient également subir des contrecoups de l’événement.
Enfants
Chez les enfants, les réactions varient également. Ils peuvent ressentir :
- de la peur;
- un choc important;
- de l’anxiété;
- un deuil;
- de la colère, de l’irritation ou une certaine amertume;
- un désir d’isolement;
- de la constipation;
- un changement d’appétit;
- des maux de tête;
- des troubles du sommeil (insomnies, cauchemars);
- un choc post-traumatique;
- régression (Ils peuvent aussi régresser pour en venir à manger avec leurs mains ou à mouiller leur lit).
Filles et garçons
Les filles et les garçons réagissent différemment. Les premières expriment davantage leur détresse, posent plus de questions et pensent fréquemment à la catastrophe. Les seconds vivent plus de colère, parfois jusqu’à avoir des comportements violents. Moins enclins à se confier, ils prennent plus de temps à se remettre du désastre.
Personnes âgées
Les personnes âgées, elles, sont plus soumises à la fatigue et au stress. En plus des impacts ressentis par les adultes, elles éprouvent des difficultés :
- à rassembler leurs idées;
- à vivre la perte de leurs biens ou de leurs souvenirs matériels;
- à se rétablir économiquement;
- à accepter un hébergement temporaire, voire à déménager;
- à contrôler leur anxiété;
- à retrouver un état de santé physique et mentale comparable à celui qu’elles avaient avant la catastrophe.
De plus, les aînés hésitent souvent à obéir aux ordres d’évacuation. En contrepartie, ils contribuent assez rapidement au soutien des autres victimes du même événement.
Animaux
Notez que les animaux domestiques vivent, eux aussi, un choc lors de tels désastres. Des études réalisées sur des chiens après le tsunami au Japon ont clairement identifié un stress chez les toutous privés de leurs maîtres.
De l’aide S.V.P.!
Les autorités civiles apportent généralement de l’aide aux sinistrés, et ce, dans les jours qui suivent la catastrophe. Cette forme d’aide prend divers visages :
- une aide psychologique rapide;
- une écoute attentive;
- du réconfort;
- de l’aide immédiate (pour les soins de première nécessité);
- l’apport de réponses pour bien comprendre la catastrophe;
- de l’aide matérielle et/ou financière pour un retour rapide à « une vie normale »;
- un portrait des difficultés que les victimes et les témoins devront affronter;
- un retour rapide vers un sentiment de sécurité;
- un accompagnement professionnel, si nécessaire;
- un support pour vivre le processus de deuil;
- un discours positif portant sur la sécurité nationale ou régionale.
Le rétablissement est plus difficile si les corps des victimes sont introuvables.
Ce que vous pouvez faire
Les proches des victimes ou des témoins doivent :
- prendre soin d’eux-mêmes pour donner une impression positive;
- offrir du soutien;
- écouter attentivement les confidences;
- être attentives aux réactions des proches;
- ramener une certaine routine au quotidien.
Ils peuvent également obtenir de l’aide si la victime :
- a un comportement violent;
- montre des signes de découragement;
- a des difficultés à dormir;
- s’isole de plus en plus;
- exprime des idées noires ou un sentiment de culpabilité (d’être encore en vie).
Les victimes doivent :
- éviter de s’isoler;
- consulter le plus souvent et le plus rapidement possible;
- faire état de leur détresse face à la perte d’êtres chers et/ou de biens matériels précieux;
- parler de leur expérience;
- confier leurs peurs et leurs angoisses;
- prendre du temps pour eux;
- prendre du recul face à la tragédie;
- reconstruire leur vie petit à petit.
Depuis le début du siècle, de nombreuses catastrophes ont secoué le monde. Si les tremblements de terre et les tsunamis sont imprévisibles, les tornades et les ouragans dévastateurs, de même que des inondations importantes sont attribuables, entre autres, aux changements climatiques. Ces phénomènes semblent donc s’amplifier.
Des actes terroristes (11 septembre 2001 et les attentats au marathon de Boston, par exemple) et des accidents majeurs, comme le déraillement à Lac-Mégantic, contribuent également à l’augmentation du nombre de tragédies humaines. Il convient de bien connaître les étapes à franchir et d’apporter, aux victimes et aux témoins, toute l’aide nécessaire.
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