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Sexualité

Iel : mieux comprendre et utiliser les pronoms non binaires

PAR : Claire-Marine Beha

On entend de plus en plus parler des pronoms non binaires (c’est à dire qui n’appartiennent pas aux modèle binaire de la langue française, soit elle et il).

Pourquoi? Pour exprimer leur genre de façon adéquate et pour se sentir vu.e et validé.e. Même si ça implique d’inviter de nouveaux codes dans notre langage, n’est-ce pas primordial que les gens se sentent respectés dans leur identité?

Le Robert a d'ailleurs ajouté le pronom neutre « iel » à son dictionnaire, et la suite, vous la connaissez probablement : certain.es ont poussé des cris d’horreur et d’autres ont célébré ce premier pas vers une reconnaissance des individus non binaires. Bien que j’utilise personnellement le pronom elle, je me réjouis pour toutes les personnes qui n'entrent pas dans les cases traditionnelles et qui se sentent enfin prises en compte.

N’oublions pas que la langue française est une langue vivante qui évolue sans cesse et que c’est nous qui la façonnons selon nos besoins… et non l’inverse.

Comment utiliser le pronom iel? On fait le point.

Pronoms non binaires : comment ça fonctionne?

Il est important de savoir qu’iel n’est pas le seul pronom neutre. En voici d’autres : ael, ille, ielle, im, em.

De plus, une personne agenre ou non binaire pourrait très bien utiliser des pronoms binaires (il/elle), ou bien une combinaison de pronoms et néopronoms (elle/ielle/iel). 

À lire aussi : La non-binarité : vivre son identité de genre selon ses propres standards

Voici un conseil que j’ai reçu à quelques reprises : le plus souvent possible, demandez les pronoms de votre interlocuteur.ice, ou, mieux encore, si vous êtes dans une situation où vous vous présentez pour la première fois, indiquez vos pronoms juste après votre prénom. De cette manière, une personne au genre neutre se sentira sans doute un peu plus à l’aise de vous indiquer les siens en retour. 

Il est vrai que le mot « iel » s’intègre de façon moins naturelle au discours populaire, mais ce n’est qu’une question d’habitude.

Vous pouvez également consulter les réseaux sociaux d’une personne, les pronoms y sont de plus en plus indiqués, et cela ne coûte rien d’ajouter les vôtres.

Pour célébrer ce premier pas vers une société plus inclusive, j’ai posé quelques questions à notre collabo sexologue queer Juno Desjardins afin de mieux comprendre comment on intègre un néopronom à notre langage.

Iel : comment utiliser les pronoms non binaires?
Iel : comment utiliser les pronoms non binaires?

Petit guide d’usage des pronoms neutres

Allô Juno! Si une personne décide que ses pronoms sont des pronoms neutres, comment peut-elle aborder le sujet avec les autres? 

La personne qui utilise des néo-pronoms comme iel, ille ou autre peut les mettre dans sa bio Facebook et Instagram, dans sa signature de courriel, et au bout de son nom sur Zoom entre parenthèses. Bien qu’aucune personne ne soit obligée de le faire, elle peut aussi l’annoncer à son entourage le plus proche selon qui, elle croit, va réagir le mieux, ou bien choisir pour qui il est important d’être mis au courant.

À l’inverse, comment réagir si une personne de notre entourage nous indique qu’iel utilise désormais un ou des pronoms non conformes à la binarité traditionnelle?

D’abord, il est très important de prendre en considération ce que la personne nous dévoile, c’est-à-dire de prendre un moment pour l’écouter réellement, être présent.e pour elle et faire sentir qu’on la supporte. Pour certaines personnes, le fait de dévoiler l’utilisation de ses nouveaux pronoms n’est pas un « big deal », mais c'est mieux de faire comme si c’est le cas, afin de ne pas en minimiser l’importance. Il est préférable de remercier la personne de la confiance et de son partage. 

Il est important aussi de ne pas dire des choses comme « ça va sûrement me prendre quelques semaines d’adaptation » ou alors « ce sont des mots qui n’existent pas et qui sont difficiles à dire ». Pourquoi? Parce que c’est le devoir de tous.tes de grandir et d’évoluer avec la langue, surtout lorsqu’il s’agit de représenter les minorités!

Il est vrai que le mot « iel » s’intègre de façon moins naturelle au discours populaire, mais ce n’est qu’une question d’habitude. Surtout, respectez le néo-pronoms même lorsquevous n'êtes pas en présence de la personne qui utilise « iel » : c’est une opportunité de vous pratiquer à l’intégrer petit à petit dans votre vocabulaire.

À lire aussi : L’éducation non genrée démystifiée : à bas les stéréotypes!

Iel : comment utiliser les pronoms non binaires?

Il faut vraiment se rendre compte qu’avec le genre, il n’y a rien d’impossible.

Si on fait une erreur dans le pronom de quelqu’un.e, comment réagir?

Il est normal de faire des erreurs, puisque l’erreur est humaine. Même les personnes trans et non binaires peuvent se mégenrer elles-mêmes! (« Mégenrer, c'est s'adresser à une personne ou parler d'elle avec un pronom ou un genre qui ne lui correspond pas », selon Radio-Canada.)

Lorsque vous vous trompez, vous avez deux options qui s’offrent à vous :

  • Vous excuser rapidement et corriger : « Maxime m’a dit qu’elle, euh pardonne-moi, iel voulait aller au ciné! »
  • Simplement vous reprendre dès que vous vous enfargez : « Il… iel est magnifique dans cette robe! »

Par contre, si vous vous attardez à vous excuser pendant 5, 10 minutes, cela peut être gênant ou intimidant pour la personne aux pronoms neutres.

À l’inverse, je vous déconseille fortement de ne rien dire et de ne pas vous reprendre par honte. Il est mieux de se corriger que de faire comme si on ne s’était pas trompé.. Enfin, sache qu'il est correct de se tromper, tant qu’on s’améliore avec le temps!

Je connais une personne qui utilise plusieurs pronoms ; le pronom masculin il, mais aussi le néo-pronom iel. Est-ce que je dois alterner ou bien lui demander son « préféré »?

Souvent, les personnes trans et/ou non binaires vont nommer le ou les pronoms qu’ielles préfèrent. Souvent, l’ordre dans lequel ces pronoms sont présentés peut vous indiquer la préférence. Sinon, il se peut très bien qu’une personne qui utilise deux pronoms ou plus les utilise en alternance puisqu’iel n’est pas dérangé.e par l’idée d’être genré de plusieurs façons. Dans tous les cas, la meilleure façon est de demander : quel.s pronom.s utilises-tu?

Notez qu’il est préférable de ne pas demander « quel pronom préfères-tu? » puisque cela insinue qu’il y a une préférence « spéciale » et que les pronoms il et elle sont les pronoms « normaux ». En demandant simplement quel pronom la personne UTILISE, on se fait à l’idée que les néo-pronoms sont tout aussi valides que les autres.

À lire aussi : Le queerbaiting : qu'est-ce que c'est?

Et les accords, parce qu’on s’entend que la langue française c’est pas toujours évident, comment ça fonctionne avec les pronoms non binaires?

Il semble important de déterminer qu’en fait, les pronoms utilisés n’ont pas nécessairement de lien avec les accords conjugués. En effet, une personne qui utilise le pronom iel peut décider d’utiliser les accords inclusifs, c’est-à-dire :

  • L’utilisation des deux accords combinés : belleau (beau et belle), curieux.euse.
  • L’utilisation du langage épicène, c’est-à-dire non genré : magnifique (et non belle ou beau), un parent (au lieu de père ou mère).

Cependant, une personne qui utilise iel ou ille peut également choisir d’utiliser les accords masculins en faisant référence à une neutralité, ou parce qu’iel préfère se décrire comme étant masculin. Iel peut aussi utiliser les accords féminins! 

L’identité de genre d’une personne ne concorde pas avec ses pronoms. Une personne transmasculine peut choisir de continuer à utiliser « elle » et une personne non binaire ne doit à personne d’utiliser les accords neutres ou le pronom « iel ». Il faut vraiment se rendre compte qu’avec le genre, il n’y a rien d’impossible.

Claire-Marine
PAR : Claire-Marine Beha