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Santé

Tout ce qu’il faut savoir sur la 4e vague de COVID-19

Puisque le Québec (et le Canada) sont parmi les endroits les plus vaccinés au monde, disons qu’on ne s’attendait pas à ça… Te rappelles-tu de notre enthousiasme, encore un peu naïf malgré plus de 15 mois de pandémie, au début de l’été? Quand on se disait que la vie allait maintenant tranquillement revenir à la normale? Le premier ministre Legault avait même annoncé qu’une fois que 75 % des gens éligibles seraient doublement vaccinés, on pourrait enlever la consigne des masques...

Le Québec vit maintenant une 4e vague de COVID-19, largement attribuable au variant Delta. On comprend donc, surtout en voyant ce qui se passe ailleurs, que ce n'est pas encore la fin. Voici ce qu’il faut savoir.

L’ampleur de la vague

Il est bien sûr impossible de prédire l’importance que prendra la 4e vague au cours des prochains mois… Mais il est certain qu’avec une grande majorité de personnes vaccinées, elle devrait avoir un impact direct moindre sur le système de santé, sur le taux de mortalité, etc. Il faut se rappeler que c’est le facteur principal qui a déterminé les confinements et mesures de prévention (le couvre-feu, les fermetures des commerces non essentiels, etc.).

Avec la vaccination et le passeport vaccinal, il est beaucoup plus facile de faire des interventions et d’appliquer des mesures localisées et ciblées. Bref, malgré le virus qui devient plus transmissible, on n’est pas de retour à la case départ. Les grands bouleversements dans nos vies devraient rester largement derrière nous.

Il pourrait tout de même y avoir un nombre élevé de cas, parce que le variant Delta est très contagieux! Et que malgré notre taux de vaccination élevé au Québec (85 % des personnes de 12 ans et plus qui ont reçu une dose, 74 % qui sont complètement vaccinées à l’heure actuelle), ce n’est malheureusement pas encore assez pour prévenir la transmission.

Le virus continue de se chercher des hôtes et de les trouver parmi les personnes non-vaccinées, qui sont encore trop nombreuses pour qu’on puisse se sortir de la pandémie. Ceci inclut les enfants, qui ne peuvent pas encore être vaccinés (voir le point correspondant). Des éclosions dans les milieux comme les écoles sont donc possibles au cours des prochains mois.

Malgré la vaccination, un retour à la normale complet ne peut pas vraiment être envisagé pour l’instant, entre autres parce qu’une grande partie de la population n'est pas vaccinée.

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Le variant Delta : grand responsable de cette nouvelle vague

Pourquoi le variant Delta cause-t-il une recrudescence des cas? Voici les grandes lignes.

  • Il est excessivement contagieux.
  • Il peut rendre les gens malades avec moins de « charge virale » (les particules qui infectent les voies nasales) que le virus original.
  • L’incubation est plus rapide que le virus original, soit habituellement 3 à 4 jours avant de présenter des symptômes.
  • Malgré ce que l’on pouvait espérer, être adéquatement vacciné ne semble pas parfaitement empêcher la transmission du virus. On peut donc infecter d’autres personnes avec la COVID-19 même lorsque complètement vacciné. C’est ce qui a motivé les autorités américaines à changer leurs recommandations et à suggérer à nouveau le port du masque aux États-Unis il y a quelques semaines. Les données ne sont pas encore parfaitement claires là-dessus et continueront d’évoluer.
  • Sa « contagiosité » fait baisser légèrement l’efficacité des vaccins contre l’infection. Toutefois, les vaccins demeurent très efficaces pour prévenir les complications, les hospitalisations et les décès.

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Le passeport vaccinal : accéder à des activités et services malgré la 4e vague

C’est officiel : le passeport vaccinal entre en vigueur le 1er septembre au Québec, la seule province du Canada qui a jusqu’à présent décidé de mettre cette mesure en place.

L’application gratuite sera disponible dès le 23 août sur toutes les plateformes de téléchargement. Il faudra donc montrer cette application, qui confirmera le statut vaccinal « adéquat » de chacun, pour pouvoir entrer dans des endroits publics non essentiels, comme les restaurants, les bars, les gyms et les festivals. Une liste « exhaustive » de commerces qui exigeront ce passeport vaccinal sera disponible le 23 août.

(Un peu) plus d’inquiétude envers les enfants

C’était au moins un côté « positif » de la pandémie : le virus original de la COVID-19 s’attaquait très peu aux enfants.

Le variant Delta, responsable de cette 4e vague, a changé la donne. Dans certains endroits où la vaccination est moins répandue, comme la Floride et le Texas, les hospitalisations des enfants sont en ce moment plus élevées qu’elles ne l’ont jamais été durant la pandémie.

Par exemple aux États-Unis entre le 28 juillet et le 10 août, il y a eu une augmentation de 27 % des hospitalisations chez les 0 à 17 ans.

Ça ne signifie pas que le virus est plus « virulent » ou mortel pour les enfants : simplement que les enfants sont désormais le plus grand groupe de population non-vaccinée, vers lequel le virus se tourne naturellement pour continuer à se reproduire.

Selon la Dre Laura Sauvé, spécialiste des maladies infectieuses pédiatriques en Colombie-Britannique, le Delta ne rend toutefois pas les enfants plus malades en général : la majorité n’auront même pas de symptôme. Mais forcément, plus de transmissibilité veut dire un plus grand nombre d’enfants malades (même si la proportion ou le risque demeurent presque les mêmes).

La Dre Sauvé affirme aussi que pour l’instant, les hôpitaux pour enfants au Canada ne vivent pas le même phénomène ni la même augmentation.

Le meilleur moyen de protéger les enfants est de vacciner les adolescents et les adultes autour d’eux. 13 enfants sont morts de la COVID-19 au Canada depuis le début de la pandémie.

Un homme se fait vacciner

La 3e dose : est-ce que ce « booster shot » arrive au Québec?

Ce n’était pas complètement « champ gauche », puisque la plupart des vaccins fonctionnent comme ça ; l’immunité s’atténue avec le temps et il faut une nouvelle dose pour la stimuler à nouveau. Les États-Unis viennent d’annoncer qu’ils vont offrir une dose supplémentaire de vaccin contre la COVID-19 à partir de la fin septembre pour tous les Américains éligibles.

Cette dose, qui s’applique uniquement aux vaccins Pfizer et Moderna, devrait être idéalement reçue 8 mois après l’administration de la 2e dose.

On pourrait donc s’attendre à court ou moyen terme que Santé Canada prenne une décision similaire. Comme les États-Unis avaient quelques mois d’avance sur nous pour la vaccination, ça nous amènerait à partir de la fin de 2021 pour la vaccination ciblée (les personnes âgées et en résidence par exemple) et au début de 2022 pour la vaccination « générale ».

Le premier ministre du Canada Justin Trudeau a déjà affirmé que le pays a acheté suffisamment de doses de vaccins Pfizer et Moderna pour donner une dose supplémentaire, qu’on appelle aussi un « booster shot ». Alors c’est certain que ça s’en vient, mais il reste à déterminer quand.

Maintenant, il existe aussi un enjeu éthique à cette question. Les États-Unis font face à plusieurs critiques suite à cette annonce, puisque la très grande majorité des pays n’arrivent tout simplement pas encore à obtenir assez de vaccins pour administrer même une seule dose à leur population… Alors la question se pose : est-ce qu’on ne devrait pas améliorer le taux de vaccination global à l’échelle de la planète avant de « super-vacciner » les gens des pays les plus riches?

Les voyages et les tests

Dans une certaine mesure, c’est désormais possible de voyager à nouveau, même si la frontière terrestre américaine n’est toujours pas ouverte pour l’instant. Beaucoup de gens font toutefois des plans, par exemple pour aller dans le Sud cet hiver ou au printemps prochain.

Mais Delta et cette 4e vague rendent cette possibilité bien moins intéressante pour différentes raisons :

  • Beaucoup de pays n’ont pas une couverture vaccinale adéquate encore, et ça risque d’être très long avant de l’obtenir. Une grande transmission du virus dans le pays visité signifie une augmentation du risque d’attraper la COVID-19, même vacciné. Un test positif sur place, même sans maladie symptomatique, empêche le retour au pays et peut fortement ruiner des vacances!
  • Les tests de COVID-19 préventifs pour des voyages non essentiels ne sont pas couverts par la RAMQ. Ces frais assez élevés peuvent donc ajouter une note très salée au voyage. Par exemple, il est plausible de penser que 3 tests soient nécessaires lors d’un voyage : un avant le départ pour pouvoir entrer dans le pays visité (effectué ici en laboratoire privé pour 200 $-250 $ par personne), un sur place 3 jours avant de revenir au Canada (le prix varie, mais est souvent similaire) et un obligatoire à l’aéroport au retour (300 $ par personne). Pour une famille de 4, c’est donc une dépense d’environ 2 500 à 3 000 $ seulement en tests de COVID! C’est un pensez-y bien : avec le Delta, rien ne laisse présager que la situation change dans les 6 prochains mois au point de ne plus avoir besoin de tests.

Quand sera la fin de la pandémie?

Le directeur de la Santé Publique le Dr. Horacio Arruda affirme désormais que « le chiffre magique » de vaccination dans la population est au-dessus de 90 %, et si possible 95 %.  Et c'est aussi à cause du variant Delta, car plus un virus est contagieux, plus le chiffre est élevé afin d'atteindre la fameuse immunité de masse. (La rougeole, qui est très contagieuse, demande un taux de vaccination aussi élevé que 95 % pour éviter des éclosions et des épidémies).

Cette pandémie aura bel et bien une fin… Mais pas avant d’atteindre le fameux seuil d’immunité de masse. Ceci se fera surtout par la vaccination, mais aussi par les infections à la COVID-19, qui vont continuer à se produire.

Comment pourra-t-on arriver à ce seuil d’immunité de masse qui dicterait réellement un retour à la vie « normale »? De plus en plus d’autorités et d’institutions canadiennes ont décrété une obligation de vaccination : plusieurs universités, le gouvernement fédéral pour ses fonctionnaires, les employés des sociétés de la couronne ainsi que les employés du secteur des transports sous réglementation fédérale et le gouvernement provincial pour les travailleurs de la santé qui ont des contacts avec des patients (un débat parlementaire est prévu pour évaluer la possibilité d’élargir cette obligation à d’autres travailleurs de l’état, comme les enseignants).

Les jeunes du secondaire devront également présenter un passeport vaccinal pour s’inscrire à des activités parascolaires « à haut risque ». Des entreprises privées ont de plus commencé à exiger la vaccination de leurs employés pour un retour éventuel en présentiel.

Chose pratiquement certaine, la COVID-19 ne disparaîtra pas. Selon toute vraisemblance, elle deviendra plutôt endémique, c’est-à-dire qu’elle demeurera dans le portrait comme la grippe par exemple. Mais avec la vaccination, elle devrait éventuellement causer beaucoup moins de dommages.