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Il y a quelques jours, les commentaires d’une inconnue m’ont volé ma soirée.
Il y a quelques jours, une femme s’est permis de verbaliser son dégoût envers moi.
J’ai eu la chance d’assister au spectacle Luzia du Cirque du Soleil, et pas besoin d’être rond pour constater à quel point les sièges sont étroits. Les épaules des spectateurs se touchent, c’est évident, et tout le monde fait avec. C’est ça, les salles de spectacles: rarement bondées sans qu’on doive partager un peu son espace.
Personnellement, je redoutais un peu le merveilleux chapiteau, car chaque année, ce lieu me provoque un brin d’anxiété. J’ai toujours peur que les gens assis près de moi roulent des yeux ou soient déçus de se retrouver à côté «de la grosse». Un peu comme dans l’avion.
Je sais que je prends plus de place que d’autres, et je suis fatiguée de devoir m’en excuser. Épuisée de penser pour les autres, de me priver d’activités, de me créer mille et un scénarios dans lesquels les gens sont mal à l’aise à cause de mon corps.
J’étais donc assise entre une femme et ma conjointe qui, comme toujours, fait tout pour me laisser l’espace dont j’ai besoin et ainsi limiter mes pensées intrusives — parce que oui, la simple idée de provoquer un inconfort chez l’autre peut suffire à m’empêcher de vivre pleinement.
Le spectacle venait tout juste de commencer quand, sans m’en rendre compte, mon bras a frôlé celui de la dame à côté, malgré le fait que j’étais pratiquement assise sur les genoux de ma blonde. Sa réaction m’a glacé le dos.
«Ark, tu me touches», a-t-elle lancé à deux reprises, en s’essuyant le bras et en me faisant signe de m’éloigner.
MAIS OÙ VOULAIS-TU QUE J’AILLE, MADAME?
Je n’avais pas de pluie de solutions à lui offrir. La seule réponse que j’ai trouvée sur le moment, ce fut un regard aussi glacé que dégoûté, et mon silence. Je choisis rarement l’affrontement: j’ai trop souvent entendu des «ferme-la, la grosse» lancés comme pseudo-arguments.
J’ai donc trouvé important de partager ce moment sur mon compte Instagram, pour soulager ma peine et sensibiliser davantage de gens à la grossophobie et à ses effets.
Ce que cette femme a fait, ce n’est pas seulement m’arracher un sourire ou me gâcher une soirée. C’est me confirmer que mon corps dérange. C’est nourrir la haine que je me porte encore trop souvent. C’est donner une raison de plus aux personnes grosses de rester enfermées chez elles. C’est faire bouillir de rage ceux et celles qui nous aiment. Et surtout, c’est raviver un sentiment de honte qui ne devrait jamais exister.
Je sais bien que cette dame n’est pas la porte-parole des personnes minces ou des personnes grossophobes. Mais elle représente une partie de la société qui, au lieu d’alléger la vie des personnes différentes, y ajoute du poids. Un poids de plus, sur des épaules déjà bien chargées.
Il faut beaucoup de courage pour vivre pleinement sa vie quand on est marginalisé.
Et rappelons-nous ceci : la honte ne nous appartient pas et ne nous a jamais appartenu.
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