Dans nos sociétés contemporaines, de moins en moins de couples se marient : selon Statistiques Canada, 35 % des couples au pays, soit plus du tiers, choisiraient désormais de vivre en union de fait. Pourtant, le mariage est une institution depuis des milliers d'années, partout autour du monde. Existe-t-il de réels avantages à se marier, ou est-ce simplement une tradition qui se perpétue sans raison? Est-ce que seulement choisir de vivre avec un conjoint de fait ne serait pas plus simple? Voyons un peu...
Pourquoi se marier?
À part dans les sociétés qui restent très traditionnelles, et parmi les religieux pratiquants (quelle que soit la religion), on pourrait penser que le mariage n'a plus tellement d'importance de nos jours.
Par le passé, c'est uniquement en passant devant le maire (ou le prêtre) qu'un couple pouvait exposer son amour au grand jour, avoir des relations sexuelles, avoir des enfants, etc.
Depuis les mouvements des années 70, les mentalités en général ont bien changé et l'évolution des moeurs a complètement bouleversé le paysage. Désormais, il n'est pas attendu des jeunes femmes qu'elles soient vierges lors de leur nuit de noces. Tout un chacun peut donc vivre ses amours comme il le désire.
Une relation plus agréable
De nombreuses études scientifiques prouvent que le mariage aurait des vertus non soupçonnées, comme une meilleure intimité sexuelle, un taux moindre de dépression, une meilleure santé, etc.
Pas nécessairement pour la vie, mais...
On remarque aussi que, même si le taux de divorce n'a jamais été aussi haut, les couples qui se sont engagés devant des témoins y réfléchissent à deux fois avant de briser pour toujours leur ménage. Ainsi, la valeur de la promesse « pour le meilleur et pour le pire, jusqu'à ce que la mort nous sépare » n'est peut-être plus inviolable, mais elle reste cependant ancrée dans nos têtes comme un serment d'importance.
Ceux qui choisissent de faire le grand pas le font donc par amour, cela va de soi, mais souvent aussi pour officialiser leur union aux yeux de tous. Parfois, des couples choisissent de se marier après 10 ans ou plus de vie commune, mais la raison première sera de s'engager définitivement et affirmer devant les proches qu'ils sont désormais unis par des « liens sacrés... » Après, la vie réserve parfois des surprises (bonnes ou mauvaises) et la suite du conte de fées n'est jamais précisée. Ils se marièrent et...
Sur les plans juridique et financier
Un couple marié est une « entité » sur le plan juridique et les époux peuvent choisir, selon le régime matrimonial qu'ils préfèrent, de mettre en commun tous leurs biens, ou seulement une partie, ou aucun. Dans tous les cas, l'avantage principal du mariage concerne la notion de « résidence familiale. » Si, par malheur, l'union venait à se dissoudre, l'un des époux ne peut vendre la demeure familiale sans le consentement officiel de l'autre. Cette clause constitue une protection importante et assure aux deux protagonistes que l'un des conjoints ne s'enfuira pas avec un gros montant.
Également, si le couple est légalement marié, dans le cas où l'un des conjoints décède, le conjoint survivant peut automatiquement recevoir une rente qui lui assure un revenu de base, à condition que l'autre ait suffisamment cotisé au Régime des rentes du Québec.
Pour les conjoints de fait, cela est aussi possible, mais il est nécessaire de prouver que les deux personnes résidaient ensemble pendant les trois années précédant le décès, ou pendant une seule année si les conjoints avaient un enfant (biologique, adopté, ou à venir, dans le cas ou la femme enceinte serait la personne survivante). Notez que ces restrictions s'appliquent aussi aux conjoints de même sexe.
De plus, dans le cas du décès de l'un des conjoints, seulement ceux qui sont mariés ou unis civilement pourront hériter de l'autre, à moins qu'ils n'aient rédigé au préalable un testament en ce sens.
Généralement, on reconnaît plus d'avantages aux personnes officiellement mariées, sans qu'ils n'aient besoin d'en faire la demande. Par contre, il est toujours possible pour les conjoints de fait de rencontrer un notaire et de placer par écrit plusieurs clauses et conditions qu'ils souhaitent pour se protéger. Pour de plus amples renseignements sur les droits et devoirs des époux versus ceux des conjoints de fait, nous vous invitons à consulter les publications sur ce site :
Les enfants
Dans le cas où le couple, marié ou non, a des enfants, les droits et les devoirs des parents envers ceux-ci sont absolument identiques. Tous les parents doivent fournir aux jeunes l'éducation et les soins nécessaires (nourriture, habillement, logement). Dans le cas d'un divorce ou d'une séparation si le couple n'était pas marié, les enfants issus de ces deux sortes d'union bénéficieront exactement des mêmes droits (pension alimentaire, le cas échéant).
De nos jours, la stigmatisation envers les enfants issus d'unions non officielles n'a habituellement plus court, comme cela a pu être le cas par le passé... Il existe bien des personnes « vieux jeu » qui ont une opinion bien arrêtée sur le sujet, mais elles se garderont généralement d'en faire part à qui que ce soit. Et si, par malheur, un enfant et ses parents remarquaient une certaine discrimination due à leur situation familiale (dans le cas d'homoparentalité, par exemple), la loi serait bien évidemment de leur côté.
Dans certains milieux conservateurs et religieux (encore une fois, toutes religions confondues), il est cependant impensable d'envisager fonder une famille sans officialiser au préalable l'union des parents. Chacun peut donc vivre en harmonie avec ses propres convictions, à condition toutefois de ne pas juger ceux qui n'adhèrent pas aux mêmes valeurs.
L'éthique du mariage
Au XXIe siècle, au Québec, on ne se marie plus par obligation sociale et religieuse, mais bien par choix. Il est évident que pour certaines familles, le poids des traditions pèse encore très lourd alors que pour d'autre, l'engagement de vie commune a une valeur aussi importante que la signature des registres. Dans tous les cas, et quelle que soit votre opinion sur le sujet, sachez qu'il est possible (et recommandé) de vous protéger si vous optez pour une façon de faire moins traditionnelle.
Les lois sont faites depuis des siècles et protègent donc ce qui est en usage depuis longtemps, et les personnes mariées jouissent d'une législation complexe et exhaustive. Cependant, si vous préférez ne pas passer devant un célébrant, une simple visite chez un notaire pourra vous rassurer quant à vos droits en vous offrant la possibilité de créer votre propre « législation » et de mettre par écrit dans un document officiel ce qui vous tient particulièrement à coeur. Il est même possible d'y retourner aussi souvent que possible, si vous souhaitez apporter des changements à votre contrat de vie commune.
Comme vous le voyez, les deux « camps » ont leurs avantages et leurs inconvénients. À vous de discuter avec votre amoureux de ce qui correspond le mieux à vos valeurs familiales, sociales et religieuses... jusqu'à ce que la mort (ou la vie) vous sépare!
Cécile Moreschi, rédactrice Canal Vie