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Santé

Périménopause et hormones : on s’intéresse enfin à la santé des femmes

J’ai regardé avec beaucoup d’intérêt la série Loto-Méno de Véronique Cloutier, qui fait beaucoup jaser en ce moment. Les hormones, la ménopause et les menstruations, c’est un sujet qui m’interpelle beaucoup, et il y a dans ce récent projet un mélange assez rare et fort intéressant : la démystification d’un tabou, une prise de conscience collective et le pouvoir incroyablement simple de dire les choses. Ça porte vraiment à réflexion en tout cas!

On parle de périménopause sans tabou.

Il y a tellement d’idées préconçues sur la ménopause!

Comme tant d’autres femmes, j’ai grandi avec une perception non seulement négative, mais aussi presque risible de la ménopause : celle du cliché de cette femme vieillissante et ridicule, avec ses bouffées de chaleur… Ce n’était pas une époque où la compassion et l’empathie étaient des valeurs mises de l’avant, mais disons simplement qu’avec le temps mon point de vue sur la question a beaucoup changé. Pourquoi tournerait-on en ridicule des êtres humains qui souffrent, ainsi qu’un processus parfaitement normal de la vie?!

C’est un peu la réalisation que fait Véronique Cloutier, la « power woman » ultime du Québec, dans la série, lorsque les symptômes de la périménopause la frappent de plein fouet vers la fin trentaine. Parce que c’est l’une des plus grandes surprises là-dedans : on va oublier l’image de la vieille petite madame.

De nombreuses femmes sont affectées par la périménopause à la mi-trentaine, c’est-à-dire pour plusieurs en plein âge d’avoir des enfants ou encore de s’occuper d’enfants encore jeunes. Tout à coup, elles ne sont plus elles-mêmes, elles se sentent complètement seules là-dedans et comme Véro le dit si bien, « elles ont l’impression de virer folles ».

Les symptômes sont nombreux et très diversifiés

Il s’agit là d’une autre idée préconçue : les bouffées de chaleur, c’est loin d’être le seul ou même le principal symptôme de périménopause! Pour beaucoup de femmes, la baisse hormonale va surtout se manifester par des symptômes plus de l’ordre mental : anxiété, insomnie, irritabilité et changements d’humeurs extrêmes, problèmes de mémoire ou de concentration, voire même de dépression qui peut être très profonde.

C'est l'une de mes réalisations les plus importantes des dernières années: nos hormones sont en fait responsables DE TOUT... ou presque.

On est complètement contrôlées par nos hormones

En tant que personne qui n’a jamais eu de problèmes à ce niveau et qui a pris ma santé hormonale pour acquis, je présumais comme bien des gens que nos hormones étaient une espèce d’arrière-pensée dans le fonctionnement de notre organisme. Qu’elles étaient « uniquement » reliées au cycle menstruel et à la reproduction.

C’est l'une de mes réalisations les plus importantes des dernières années : nos hormones sont en fait responsables de TOUT... ou presque. De l’immunité, à la densité osseuse, en passant par la digestion, la santé mentale, l’appétit, la peau, le niveau d’énergie, le système cardio-vasculaire, le poids ou encore le sommeil. Ouf!

Ça permet de mieux comprendre les réactions si complexes, diverses et intenses qui peuvent se produire chez les femmes alors qu’à partir d’un certain âge, le taux d’hormones (estrogène et progestérone) commence à baisser. Subtilement d’abord, puis de façon très marquée près de l’arrêt des règles. Comme nos hormones sont si vitales et essentielles, c’est bien normal de réagir de toutes sortes de manières à leur fluctuation, puis à leur « manque ». Et c’est bien normal que certaines soient plus sensibles aux variations et en sentent les répercussions plus tôt que d’autres.

La meilleure comparaison demeure celle du SPM (syndrome prémentruel) : la période la plus difficile du cycle menstruel correspond souvent aux quelques derniers jours avant les règles, la phase lutéale. Et si certaines femmes ne sont peu ou pas affectées, d’autres sont fortement incapacitées et arrêtent d’être fonctionnelles. C'est notamment le cas des personnes ayant un trouble dysphorique prémenstruel. Et la cause est simple : la chute « brutale » du taux d’hormones avant le déclenchement des règles. En périménopause, c’est donc le même phénomène… Mais (pratiquement) permanent.

La difficulté d’être écoutée et prise au sérieux

Un autre point fort de la série est de remettre en question notre considération de la santé féminine : c’est donc bien difficile de se faire écouter, de se faire croire, de se faire prendre au sérieux par le système! C’est presque impossible de regarder Loto-Méno et de ne pas en ressortir révoltée. Parce que la ménopause touche 50 % de la population totale (et 100 % des femmes), et parce que bon nombre d’entre elles le vivent très, très difficilement.

Et pourtant, l’expérience des femmes avec le système pour obtenir de l’aide est parfois toute aussi effrayante que l’intensité de leurs symptômes. Elles se voient souvent diminuées, remises à leur place, elles se font plus ou moins clairement dire de « se gérer » et qu’elles ont simplement à faire plus attention à elles... Souvent, elles se font prescrire des antidépresseurs ou d’autre médication sans véritable investigation de leur profil hormonal! Alors qu’il y a tellement de chemin à faire à ce niveau -c'est vraiment la base.

 

Différentes expériences sont bienvenues, en autant qu’on en parle

Il ne faut plus que les femmes se taisent sur leur périménopause, sur leur ménopause, sur leurs symptômes ou sur leur expérience hormonale!

C’est ce que je retiens de la série : le tabou, la gêne et la honte qui font que personne n’ose en parler ne peuvent plus durer. Parce que lorsque les femmes (autant que leurs conjoint(e)s et leurs familles) vivent cette période si dramatique chacun de leur côté, à la difficulté du parcours s’ajoute l’isolement, l’incompréhension et l’impression d’être seules au monde.  

J’ai le même âge que Véronique Cloutier. Alors qu’elle est déjà ménopausée depuis quelques années, mes règles n’ont pas du tout changé de mon pattern habituel et je n’ai pas (encore) traversé cette tempête personnelle. Oui je fais de l’anxiété et de l’insomnie, mais j’en ai toujours fait. Mes troubles digestifs ne sont pas non plus nouveaux. Personnellement, je vais bien en ce moment et j’attribue cela en partie à une herbe ayurvédique que je prends depuis 2 ans, l’ashwaghanda. J’ai commencé à en prendre pour soulager mon anxiété et par la suite j’ai réalisé qu’étant un adaptogène, ce supplément était bénéfique pour l’équilibre du corps en général, incluant celui des hormones. (Je ne suis pas en train de vous conseiller d’en prendre ici, je n’ai aucune compétence pour ça! Je veux seulement vous dire que ça existe et vous inciter à en apprendre plus).

J’ai lu que le facteur le plus important pour prédire le déroulement de notre propre ménopause était l’âge et les symptômes de notre mère. J’ai donc interrogé la mienne, qui m’a dit avoir bien vécu cette époque, ou en tout cas ne pas en avoir gardé des souvenirs cauchemardesques du tout. Entre 50 et 53 ans, elle a bien eu quelques bouffées de chaleur, surtout la nuit, mais sinon c’est tout. Elle n’a jamais ressenti le besoin de prendre des hormones et elle déborde encore d’énergie 15 ans plus tard! Intéressant de voir encore une fois comment les expériences peuvent varier à cet effet.

Ce que j’aimerais retenir par-dessus tout de Loto-Méno, c'est le témoignage de la sublime comédienne Anne-Marie Cadieux, 57 ans. Cette dernière affirme haut et fort que peu importe le parcours des femmes et leur expérience de la ménopause, leur vie n’est pas finie et leur féminité n’est pas chose du passé! Loin de là.

 

La série Loto-Méno est disponible sur Tou.tv Extra

Il est également possible de signer la pétition mentionnée dans la série, afin que le traitement hormonal bio-identique soit disponible à un plus grand nombre de femmes et surtout remboursé par la RAMQ.

Toutefois, il est également intéressant de lire cet article d'Isabelle Hachey dans La Presse, qui apporte un certain bémol par rapport aux hormones bio-identiques. Si l'expérience des femmes doit être discutée et prise au sérieux et si la santé hormonale doit être mise en lumière, rien en effet ne prouve la supériorité de ces hormones face aux hormones traditionnelles. Il s'agit donc d'un traitement médical qui ne convient pas à toutes, et qui comporte son lot de risques. Il faut toujours bien s'informer.