L'homosexualité peut-être un sujet délicat, surtout quand ça concerne notre enfant et que nos générations n'ont pas les mêmes codes. La première chose à retenir, c'est que nous n'avons pas à « détecter » son homosexualité. En tant que parent, ce qui compte, c'est d'être présent pour l'accueillir dans sa sexualité, de répondre à ses questions à tous âges, et d'accepter que notre ado est un humain qui détient sa propre vie. Surtout ne pas éviter le sujet, en prétextant que ses ami(e)s, Internet, ou ses professeurs sauront lui répondre ou qu'il apprendra bien tout seul.
Il faut maîtriser nous-mêmes le message que nous voulons lui transmettre et donc s'éduquer pour mieux l'accompagner à travers son coming-out..
L'adolescence, la découverte sexuelle
Contrairement à ce qu'on pourrait penser, ce n'est pas tous les jeunes qui découvrent tôt leur orientation sexuelle. Bien que quelques-uns peuvent affirmer : « J'ai toujours su que j'étais homosexuel(le) », ils ne sont en réalité que 15-20 % à avoir développé une identité érotique à partir de leurs expériences homosexuelles avant l'âge de 20 ans. Vers l'âge de 9-10 ans, à la fin de l'enfance et au début de l'adolescence, nos enfants vivent leurs premiers émois sexuels. Ils éprouvent des sentiments pour des garçons, pour des filles et peuvent vivre des expériences sexuelles avec une personne de leur propre sexe ou du sexe opposé. À cet âge, on ne peut pas se servir de ces explorations pour définir que notre enfant sera hétérosexuel, homosexuel et même bisexuel (les bisexuels revendiquent une identité encore plus tardivement, soit vers l'âge de 27 ans).
Accepter, encore difficile?
On se souvient de nos parents qui nous disaient « J'ai rien contre les homosexuels, mais si tu m'apprenais que tu l'étais, je serais triste pour toi, c'est tellement pas une vie facile » Si c'était vrai il y a trente ans, en 2008, heureusement, les moeurs s'adoucissent. L'homosexualité est davantage acceptée, les esprits sont plus ouverts, les couples gais et lesbiens se marient, ont des enfants... D'ailleurs, dans certains états des États-Unis, les couples de femmes ont davantage d'enfants que les couples hétéros. L'amour entre gens du même sexe n'est donc plus un obstacle à la famille.
Il reste les vieux préjugés
Bien sûr, comme pour toutes marginalités, certaines personnes réagissent encore avec agressivité à l'homosexualité et c'est justement pour cette raison, pour l'aider à assumer sa différence, que votre enfant a le plus besoin de vous. Qu'est-ce qui est le plus important à vos yeux? Qu'il se conforme, quitte à étouffer une partie de ce qu'il est, ou qu'il soit heureux? Il aura peut-être à être plus fort moralement pour s'affirmer, mais c'est grâce à votre soutien et à ce que vous lui direz qu'il pourra trouver l'équilibre et la confiance nécessaires pour affronter les autres et vivre sainement sa vie amoureuse dans le respect de lui-même. Est-on plus heureux avec un conjoint hétérosexuel lorsqu'il y a abus et violence? Chose certaine, on ne choisit pas son orientation sexuelle, mais on a toujours le choix de son partenaire.
« Je n'y connais rien »
L'homosexualité est peut-être une réalité qui semble loin de la vôtre, mais il existe quantité de livres et de sites sur le sujet. Renseignez-vous, ouvrez-vous à cette réalité. Apprendre réconforte et nous sort de l'isolement. Votre enfant éprouve des problèmes avec les autres élèves de l'école? Allez voir la direction et expliquez-lui doucement ce que vous avez vous-mêmes appris. Souvent, les intervenants savent mal comment réagir, ne sont pas outillés ou ignorent l'homophobie dont sont victimes certains de leurs étudiants.
En résumé...
Demeurez ouvert, à l'écoute de ce que vit votre enfant, de ses expériences, de ses questionnements, évitez les jugements hâtifs et laissez-le venir à vous. L'accepter comme il est est le meilleur moyen de lui permettre de vivre en paix avec lui-même.
Pour en savoir plus sur le sujet, vous et vos jeunes pouvez consulter le site Alter Heros, qui aide les adolescents à mieux comprendre et accepter leur homosexualité.
Un merci tout spécial à Michel Dorais, professeur et chercheur à l'Université Laval, également auteur de plusieurs essais et recherches sur la marginalité, la sexualité et la condition masculine (Mort ou fif, Sains et saufs ? petit manuel lutte contre l'homophobie à l'usage des jeunes, Jeunes filles sous influence...).
Violaine Dompierre, éditrice Canal Vie