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Vous rappelez-vous des lunettes que vous portiez en pandémie? De la façon dont vous perceviez le chaos, l’incertitude ou l’inconnu de la fenêtre de votre 3 ½? De vos remises enquestion, de vos envies de réinventer le monde, de votre gestion égoïste du temps?
Dernièrement je me demandais si j’étais la seule. La seule qui avait été écorchée positivement par ces 3 années fantômes. La seule qui ressentait une nostalgie, malgré le fait qu’on vient tout juste de s’en sortir.
Entre les 4 murs de mon appartement à faire partie des chanceux/ses qui travaillaient à distance,j’étais en révolution de ma tête. En révolution sur la conception que je me faisais du travail que j'occupais. Sur le concept du travail tout court. Sur la santé qui me semblait précaire. Sur le temps que j’accordais à ma santé mentale. Sur le ralentissement collectif.
Avez-vous eu le vertige vous aussi quand le couvre-feu s’est levé, quand le terme présentiel est devenu langage courant, quand nos agendas se sont mis à se remplir machinalement?
Quand la pression d’avoir du succès, d’être sur son X ou de gravir des échelons s’est remise en action?
Moi oui.
Ma quête identitaire s’est enclenchée par « J’aimerais que mon travail soit pertinent, que je me sente utile au quotidien » et s’est transformée en « Ma valeur n’est pas déterminée par l’emploi que j’occupe. Je veux tout simplement un travail qui ne me rend pas anxieuse au quotidien. Je veux prioriser ma santé mentale. »
Et puis, j’ai réalisé que je n’étais pas seule finalement dans ce tournant, un terme avait été créé pour ce mouvement post-pandémie : la « Snail girl ».
En 2020, sans trop le savoir, j’ai dit adieu à la « Girl boss » et à la « Hustle culture » tout comme l’a fait Sienna Ludbey.
La « hustle culture » est une façon de « vivre » qui place le travail au centre de nos aspirations. Dans cette mentalité, les longues heures de travail sont applaudies et glorifiées, on ne compte surtout pas les heures. Demander « congé » est d’ailleurs vu comme de la paresse. « Les vrai.es» workaholic ne prennent pas de pause, voyons.
La « Girl Boss » est donc née de cette quête, de se réaliser par le travail et de se valoriser par le miroir de ses réalisations professionnelles et du succès qu’elles génèrent.
L'identité de la « Girl Boss » a d’ailleurs été beaucoup remise en question ces dernières années par les jeunes professionnel.es qui sont de plus en plus nombreux.ses à souffrir d'épuisement professionnel. Ce n’est pas parce que les générations qui les ont précédés (et que les femmes ont tardivement rejoint le marché du travail) ont instauré ce rythme de vie que leur motivation à se démener au travail devrait être la norme.
Sienna Ludbey est la créatrice et fondatrice derrière la compagnie Hello Sisi, une boutique de sacs et d'accessoires fabriqués à la main. Hello Sisi a maintenant 5 ans et ce n’est que tout récemment que Sienna en est venu au constat que de se surmener au travail ne donnait aucun sens à sa vie. Après s’être confié via une publication Instagram en juillet, le site web Fashion Journal publiait un article à son sujet. Sa nouvelle identité de « Snail girl» est rapidement devenue virale, particulièrement sur TikTok.
Il faut spécifier que pour Ludbey la « Snail girl» n’insinue pas que prendre des vacances est important ou qu’il faut rejeter le concept du travail. Pour elle, il s'agit simplement de se rappeler qu’il est impératif d’être gentil.le et bienveillant.e envers soi-même, d'avoir un équilibre entre sa vie professionnelle et sa vie privée et d'arrêter de comparer son parcours à celui des autres.
Depuis quelques années, on peut constater une propension de la génération Z à décentrer le travail de leur vie.
Force est d’admettre qu’ils sont devenus autonomes et que la dynamique de pouvoir entre l'employeur et l'employé n’est plus. La nouvelle génération veut être heureuse et libre plus que tout.
Selon l'enquête de Deloitte sur la génération Z et les milléniaux, 49 % des membres de la génération Z et 62 % des milléniaux disent que leur travail est au cœur de leur identité et que l'équilibre entre leur vie professionnelle et leur vie privée est un objectif qu'ils s'efforcent d'atteindre. D’ailleurs l’équilibre entre la vie professionnelle et la vie privée est la principale caractéristique qu'ils admirent chez leurs pairs et la principale caractéristique lorsqu'ils choisissent un nouvel employeur.
D’ailleurs, cette même étude a révélé qu’ils n’étaient clairement pas prêts à sacrifier leur bien-être pour un emploi. Selon l'enquête, bien que des améliorations ont été apportées par les employeurs au cours des dernières années, il reste encore place à l'amélioration.
Selon Suzy Welch, professeur à la Stern School of Business de l'université de New York, la tendance de la Snail Girl serait née de « l’aversion omniprésente de la génération Z pour l'anxiété ».
Welch a déclaré que les générations plus anciennes comprenaient que l'anxiété faisait partie intégrante de la vie au travail. Ce n’est cependant pas le cas de la nouvelle génération.
Attention! Suzy Welch tient à nous prévenir que malgré que le mode de vie de «Snail Girl» puisse être plus gratifiant, il pourrait y avoir des conséquences financières ou autres à plus long terme.
« Le jury n'a pas encore rendu son verdict », a laissé entendre Welch. «Nous pouvons être sûrs que ce ne sera pas un accélérateur de carrière pour ceux qui le choisissent, mais je pense que la plupart d'entre elles le savent. Cela aura bien sûr des conséquences financières, et nous pourrions voir dans cinq ans des “Snail Girls” décider de devenir des “Gazelle girls” lorsqu'elles constateront que leurs compromis doivent être recalibrés.»
Bref, à suivre…
D’ici là, je serai dans ma “Snail Girl” era.