1er jour de retard
Tiens donc, mes règles sont en retard… Je suis pourtant toujours régulière. Ça doit être le stress, le travail a été tellement demandant ces derniers jours. Ouf! Bon, passons.
2e jour de retard
Hummm, ce n’est pas normal, c’est impossible.
3e jour de retard
Mais pourquoi n’ai-je pas pris la pillule du lendemain? J’avais pourtant 72 heures pour la prendre, j’avais le temps! Et j’avais des doutes, j’aurais dû m’écouter...
C'était avec mon partenaire de confiance après tout! C’est vrai qu’on n’a pas vraiment fait attention cette fois-là, on a fait la méthode « du retrait ». Ca devrait aller, je m’en fais pour rien.
4e jour de retard
Et là commence la chute de larmes. Je pleure. Mais pourquoi est-ce je pleure autant? Je n’arrive plus à me contrôler. Mais pourquoi est-ce que ça doit m'arriver maintenant? Je n’ai pas besoin de ce stress là présentement!
Je pleure parce que je ne sais pas ce que je vais faire. Je pleure parce que je n'ai jamais voulu me retrouver dans cette situation où je me retrouve avec moi-même et où je dois prendre une importante décision.
Devant mon miroir de salle de bain, j’observe mon reflet et je me trouve pas mal hypocrite, voire lâche. J’ai toujours été pro-choix et je le serai toujours. Mais maintenant, je comprends : être pro-choix ne veut pas dire que le choix sera facile.
Être pro-choix veut dire que je peux décider ce que je veux faire de mon propre corps, que j’ai le droit d’avoir le contrôle sur ma vie et sur mon avenir, parce que cette décision m’appartient. Et cette décision, je dois la prendre avec moi-même avant même de la partager avec qui que ce soit. Parce qu’avant tout, je suis seule avec la femme devant le miroir qui me regarde en attendant que je la prenne cette décision. Et c’est à ce moment que j’ai rélisé que j’avais mal évalué l’ampleur de cette prise de position.
Maintenant, je dois faire un choix. Ce n’est pas juste. Pourquoi il n'incombe qu’à moi de faire ce choix? Après tout, il y a mon partenaire aussi dans tout ca. Devrais-je lui en parler? Il a le droit de savoir. Mais en même temps, je ne veux pas qu’il influence ma décision. Mais dans le fond, c'est quoi MA décision?
Être pro-choix, c'est aussi avoir des doutes, se questionner et hésiter. Ce n'est pas toujours blanc ou noir, et là, je sens que je me noie dans la zone de gris.
Ressaisis-toi Pascale! Je fais donc un arrêt à la pharmacie et j'achète 4 tests de grossesse (il y avait un 2 pour 1, ça tombe bien).
5e jour de retard
Il est 6 heures du matin. Le test recommande d’utiliser la première urine de la journée pour améliorer la précision. Je me rends à la salle de bain. J'étale soigneusement les 4 tests de grossesse sur le coin du lavabo. Je relis les instructions pour une énième fois. Mon anxiété est à son comble! Malgré ma vessie pleine, je n’arrive pas à uriner avec tout ce stress. Ah et à travers tout ça, je n’ai toujours pas pris de décision!
J’arrive finalement à imbiber chacun des tests pour assurer la lecture la plus juste, puis je patiente pendant les 30 secondes les plus longues de toute ma vie.
Les 4 tests me donnent la même lecture: 1 barre. Négatifs, tous négatifs.
Toujours assise sur le siège de toilette, je n’arrive pas à expliquer ce que je ressens. C'est un mélange de soulagement mêlé à une amère déception. Soulagée parce que je n’aurai pas à prendre de décision, déçue parce que je n’aurai pas à prendre de décision.
Je m’essuie silencieusement, et en regardant le petit morceau de papier de toilette, je vois quelques taches rouges...