Personne n’aime perdre. Mais certains sont maîtres dans l’art d’être de mauvais perdants. Crises, pleurs, bouderie et parfois même grosse colère s’en suivent. Comme parents, il n’est pas simple de faire face à cette situation. On veut le préparer à tous les petits échecs qu’il devra subir dans sa vie, toutes les fois où il ne sera pas le meilleur, toutes les fois où les autres le surclasseront, etc. Ça va arriver, on le sait bien. Et on voudrait que notre enfant soit outillé pour bien gérer les émotions que cette « défaite » suscitera en lui.
On a beau répéter (et répéter!) que l’important, c’est de participer, dans la tête de notre enfant, ce n’est pas si simple. Pour lui, c’est LA fin du monde. Avouons-le aussi, perdre n’est pas toujours facile à digérer… petits comme grands. En fait, c’est les émotions qui foisonnent tout autour de cette situation qui ne sont pas évidentes à contenir chez les enfants.
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«Je ne veux plus jamais jouer!» Je l’ai déjà entendu souvent, vous aussi probablement. En fait, c’est la solution la plus facile pour l’enfant. Je perds, je ne sais pas comment gérer mes émotions alors j’élimine la source de la frustration. Bien sûr que ce n’est pas la bonne façon de faire. Autrement, on ne ferait presque plus rien dans la vie. C’est principalement cette attitude qu’il faut chercher à «casser» avec les enfants.
Voici quelques petits trucs qui peuvent nous aider à devenir un bon perdant (et en même temps!) un gagnant respectueux.
Faire attention à ses émotions
« C’est pas grave! » est souvent une phrase qu’on dit pour les calmer, mais on crée souvent l’effet contraire. La peur de perdre vient parfois du fait que l’enfant croit que s’il ne réussit pas, les autres ne l'aimeront plus, qu’il ne sera jamais choisi dans les équipes, etc. On essaie plutôt de valider son émotion en lui disant simplement « Je comprends que tu aurais aimé mieux gagner et que perdre peut nous rendre triste. ». Ainsi, il se sent compris émotionnellement. Ensuite, on peut discuter avec lui en offrant des pistes de réflexion : est-ce que s’il gagnait tout le temps, les autres voudraient jouer encore avec lui? Est-ce que gagner est le seul plaisir qu’on peut avoir quand on joue à un jeu? Habituellement, l’enfant dénoue peu à peu son obsession de gagner quand il comprend que c’est impossible d’être bon dans tout et surtout… peu souhaitable aussi!
Le parcours plus que la finalité
Comme parent, on met l'accent sur le plaisir qu’on a à jouer et non sur le résultat final (qui perd et qui gagne). Durant la partie, on peut passer des commentaires positifs sur certains coups faits par chacun des enfants, on note pourquoi on aime ce jeu, bref on ne concentre pas toute notre attention sur le gagnant et le dénouement.
L’apprentissage
Les jeux sont sources de divers apprentissages. On peut développer notre mémoire, notre agilité, notre culture, notre sens de l’observation, etc. Et plus on joue, plus on devient meilleur. Au départ, on peut avoir de la difficulté, mais c’est normal. Devant un enfant fâché de ne pas être rapidement bon, on note avec lui les trucs qu’il réussit à faire maintenant (aller en vélo, par exemple) et on lui rappelle qu’au début, il a dû apprendre, faire des erreurs, recommencer!
Gare aux imitations!
Être mauvais perdant, ça s’apprend aussi. Une petite introspection est parfois nécessaire. Est-ce que je suis mauvaise perdante? Il se peut qu’on montre le mauvais exemple. Si Papa revient d’un match de hockey en bougonnant parce qu’il a perdu et ne relève pas de points positifs, l’enfant fera un lien clair. Perdre ≠ plaisir. Est-ce vraiment ce qu’on veut?
Calmer l’anxiété de performance. Avec un enfant très compétitif, il est nécessaire de l’amener à jouer à des jeux de coopération par lesquels il comprendra qu’il a aussi besoin des forces des autres pour réussir. On trouve des jeux de société basé sur ce principe (on n’a qu’à demander à un conseiller en boutique), mais on peut tout aussi bien monter de petits projets en famille : construire une maquette ou une murale, faire un casse-tête, etc.
Il gagne?
Super, mais pas question de tolérer qu’il nargue les autres joueurs. Être fier et content, oui, mais pas à outrance non plus! Plusieurs équipes sportives exigent que tous les joueurs se félicitent à la fin de la partie (on se serre la main). On peut aussi le faire à la maison. Pourquoi pas?
À lire avec lui
Justin est un mauvais perdant. Par Philippe Goosssens, illustrations de Thierry Robberecht, Mijade éditeur, 2006. ISBN : 9782871425809
Zoup, la tricherie. Par Mika et Émilie Rivard, Boomerang éditeur jeunesse, 2010. ISBN : 9782895955399
À lire comme parent
Et si on jouait? Par Francine Ferland, Les éditions du CHU Sainte-Justine, 2005. ISBN : 9782896190355