Votre enfant était de ceux qui se levait à l'aurore et maintenant, depuis que l'adolescence a sonné, vous peinez à le sortir du lit? Vous l'accusez de s'être ENCORE couché trop tard? Et si ce n'était pas de la mauvaise volonté?
Quelques facteurs influents
Bien sûr, le jeune vit une série de perturbations sociales et affectives, est aussi en pleine période d'apprentissage et d'autonomie, des facteurs qui peuvent influencer l'heure à laquelle il se couche : l'amour est au rendez-vous, les amis sont plus importants que tout, il y a le travail à temps partiel qui, souvent, devient du temps plein, puis les études qui demandent beaucoup et qu'il ne faut surtout pas mettre de côté. À travers ça, il veut relaxer et adore l'idée de vivre seul quand tout le monde est couché.
Rythme biologique
Mais au-delà de ça, des études ont démontré qu'il était très difficile pour une grande majorité d'adolescents de s'endormir avant 23 h et que la plupart ne trouvaient pas le sommeil avant 1 h en raison d'une irrégularité du rythme biologique due à une stimulation des hormones de croissance, de dérèglements des rythmes circadiens (cycle de veille et de sommeil). Les hormones se libèrent pendant le sommeil paradoxal, période pendant laquelle on rêve et qui permet de récupérer à fond, qui aide notre cerveau à assimiler les apprentissages faits pendant le jour. La sécrétion de mélatonine atteint un seuil maximum tard en soirée et le taux de cortisol, l'hormone du stress, entre en action vers 9, 10 heures le matin. Même si vous forciez votre adolescent à dormir tôt, il tournerait dans son lit jusqu'à ce que revienne sa phase de sommeil.
Des horaires non-adaptés
Les adolescents, comme les adultes, ont besoin d'environ 9 heures de sommeil par nuit alors qu'en moyenne, ils ne dorment environ que 7 h. Malheureusement, avec la vie qu'ils mènent et surtout avec l'école qui leur demande souvent de se lever très tôt le matin, ils somnolent en classe, voient leur rendement scolaire baisser et adoptent un comportement irascible, impatient et colérique. Pour contrer le problème, plusieurs écoles du Québec ont imité le modèle américain en permettant aux adolescents d'entrer plus tard à l'école et les résultats académiques se sont rapidement fait sentir : ils réussissent généralement mieux et manquent moins les classes que ceux qui commencent plus tôt.
Ne rien forcer
Rien ne sert donc de les forcer, surtout le week-end, à se lever très tôt. Vaut mieux les laisser dormir, surtout s'ils ont accumulé un manque de sommeil important. Toutefois, s'ils passent leur journée au lit, il est évident que leur cycle du sommeil ne se rétablira pas pour le lundi suivant. Il est donc important de leur faire comprendre en quoi le manque de sommeil peut influer sur leur vie et comment ils peuvent faire pour arriver à palier leur somnolence.
Quelques suggestions à lui faire... si possible!
- Faites-lui adopter des horaires de sommeil réguliers en le faisant se coucher une quinzaine de minutes plus tôt chaque semaine, jusqu'à ce qu'il atteigne le nombre d'heures souhaitées.
- Encouragez-le à faire de l'exercice dans la journée et à diminuer sa consommation de caféine, de coca-cola.
- Rappelez-lui que la télévision peut stimuler certaines personnes et que les jeux électroniques avant de se coucher sont à éviter.
- Étudier tard le soir ne le fera pas réussir mieux s'il est trop épuisé le lendemain. De plus, l'étude stimule le cerveau et le fait travailler encore plus fort pendant la nuit.
- Dans les cas plus sévères d'insomnie, certains médecins et psychologues suggèrent la luminothérapie comme solution. On peut se procurer une lampe, qui simule la lumière du soleil, auquel on l'exposera une trentaine de minutes tous les matins. Elle pourrait bien l'aider à rétablir les rythmes circadiens.
D'autres problèmes
Bien qu'il ne faille pas s'inquiéter outre-mesure, il ne faut pas non plus hésiter à consulter un spécialiste si on considère que les nuits de notre ado sont vraiment problématiques, puisqu'elles peuvent être associées à des troubles du sommeil plus graves, dont voici quelques exemples:
Apnée du sommeil
Si ses voies respirations sont obstruées de façon intermittente, il aura besoin de déployer un effort supplémentaire pour respirer pendant le sommeil. Sa nuit est donc dérangée.
Mouvements périodiques des jambes
Ce phénomène fait tressauter les jambes pendant la nuit et entraîne un sommeil peu réparateur.
Narcolepsie
Il s'agit d'une attaque du sommeil qui a lieu en plein jour pendant que l'enfant vaque à des activités routinières
Insomnie
De courte durée ou chronique, l'insomnie dérange autant l'adolescent que l'adulte. Généralement, tout le monde la connaît pour l'avoir vécue au moins une fois dans sa vie. Selon des recherches récentes, l'insomnie chronique pourrait mener à la dépression chez l'adolescent, qui touche près de 8.5 % d'entre eux (source 1). Il est parfois important d'intervenir puisqu'une dépression non soignée peut mener au suicide, deuxième cause de mortalité chez les 15-25 ans. Également, un détail qui peut sonner l'alarme : l'insomnie qui réveille toutes les nuits en deuxième partie de la nuit (vers les 4 h) est signe de dépression. En attendant, il faut être patient, compréhensif et se dire que l'adolescence, ça ne dure pas toute une vie!
Violaine Dompierre, éditrice Canal Vie