On entend souvent dire que les parents ne devraient pas essayer d'être amis avec leurs enfants... Mais ceux qui prodiguent ce conseil tiennent-ils compte de l'évolution du terme « ami »? En effet, avec la prolifération des réseaux sociaux et l'attrait qu'ils présentent auprès d'un public de plus en plus jeune, bien des chosesse sont transformées sur le plan relationnel. Des mères et des pères un peu abasourdis reçoivent des demandes d'amitié virtuelle de la part de leur jeune, alors qu'ils ont parfois beaucoup de difficultés à entretenir une saine relation avec lui dans la vraie vie. C'est une nouvelle réalité qui est là pour rester : vos enfants sont sur Facebook, et ils y sont de plus en plus jeunes.
Une limite d'âge... en théorie!
Théoriquement, le réseau social Facebook est réservé aux personnes âgées de plus de 13 ans. Mais dans la réalité, des enfants beaucoup plus jeunes s'y créent des comptes. Il leur suffit de mentir sur leur année de naissance en remplissant le formulaire d'inscription... c'est simple comme bonjour! Alors, si vous recevez prochainement un avis indiquant que votre petite cousine que vous croyiez être en deuxième année du primaire s'apprête à fêter son 22e anniversaire, ne vous étonnez pas trop.
Sachez également que, depuis peu, le compte Facebook des enfants de moins de 18 ans n'apparaît pas lorsqu'on fait une recherche en utilisant un moteur de recherche général, comme Google. Encore ici, toutefois, cela est vrai uniquement si l'enfant a indiqué son âge véritable dans le formulaire. Et, puisque c'est bien connu, les adolescents n'aiment rien autant que de paraître adultes, il n'est pas rare qu'ils se donnent deux ou trois années de plus, même s'ils ont l'âge légal pour ouvrir un compte.
Faut-il s'inquiéter?
Facebook comporte certains risques pour les jeunes, mais rien qui diffère vraiment des problèmes liés à l'usage d'Internet en général.
Contenus explicites
Comme sur l'ensemble du Web, certains des contenus circulant sur Facebook peuvent ne pas convenir à un jeune public. Bien que les contenus inappropriés, par exemple pornographiques, soient en principe interdits, il peut être difficile de contrôler toutes les photos et vidéos qui se retrouvent sur un réseau de cette ampleur. Il n'est donc pas impossible que votre jeune soit exposé à des images troublantes via son compte Facebook.
Intimidation
Un autre danger de Facebook, peut-être plus troublant encore, est celui de l'intimidation. En effet, les jeunes ont souvent de nombreux « amis » sur le réseau, et certains ne sont peut-être pas de véritables amis. Si un jeune mal intentionné décide d'entreprendre une campagne d'intimidation à l'endroit d'un autre enfant, il trouvera sur Facebook de nombreux outils qui l'aideront à mener à bien son sombre projet.
Par exemple, il est facile d'écrire de méchantes choses sur le mur d'un de ses amis, ou encore de le marquer dans une photo compromettante ou dans un statut insultant. Dans ces cas-là, la victime peut retirer l'identification ou effacer ce qui est écrit sur son propre mur, mais parfois, le mal est déjà fait. L'intimidation a toujours existé entre les jeunes, mais Facebook donne une tribune sans précédent aux agresseurs. La stigmatisation n'en est que plus douloureuse pour les victimes.
Intrusion dans la vie privée
Ensuite, si votre enfant n'a pas réglé ses paramètres de confidentialité de façon optimale, il se peut que les informations liées à son compte (photos, publications, intérêts, amis, etc.), se retrouvent entre de mauvaises mains. Rappelez-vous que, là où il y a des jeunes, il y a des prédateurs! Certains adultes peuvent même se faire passer pour des adolescents afin d'infiltrer le cercle d'amis de votre enfant.
Les paramètres de confidentialité peuvent être réglés facilement au moment d'ouvrir le compte ou à n'importe quel moment par la suite. Par ailleurs, il faut savoir que les paramètres par défaut proposés par Facebook ne sont pas optimaux. Ils permettent à tous les usagers du réseau d'avoir accès à des informations très personnelles sur votre jeune : son nom, son âge, ses publications et sa liste d'amis, entre autres choses.
Quelques conseils
Pour vous assurer que votre enfant utilise Facebook de façon équilibrée et qu'il ne risque pas d'y laisser quelques plumes, il y a quelques petites précautions que vous devez prendre en tant que parent.
- Tout d'abord, le plus important, c'est que vous mettiez votre enfant au courant des dangers potentiels. Rappelez-lui de faire attention aux photos qu'il ajoute à son profil ou aux statuts qu'il écrit sur son mur.
- Ensuite, faites promettre à votre jeune de n'ajouter que des personnes qu'il connaît personnellement très bien à sa liste d'amis. Cette précaution simple limite beaucoup les risques d'intrusions indésirables, et même d'intimidation
- Mettez aussi votre enfant en garde contre les contenus explicites. Faites en sorte qu'il se sente à l'aise de venir vous parler s'il croise quelque chose sur le Web qui le rend inconfortable.
- Finalement, assurez-vous d'aider votre enfant à choisir ses paramètres de confidentialité. S'il ronchonne, expliquez-lui clairement les dangers liés à un profil Facebook trop public. Discutez chaque choix avec lui afin qu'il comprenne votre point de vue et ne se sente pas lésé.
Du positif?
Le fait qu'un jeune ait un compte sur Facebook ne comporte pas que des inconvénients, bien au contraire. Facebook répond à un besoin d'identification, de regroupement et d'affirmation très typique des adolescents. À cet âge, on a besoin de faire partie d'un groupe! De nos jours, ça passe un peu par Facebook.
Pour la plupart, l'utilisation des réseaux sociaux se passe très bien. Les fonctionnalités utilisées sont généralement très anodines, comme le clavardage et les jeux. Il n'y a pas lieu de s'inquiéter outre mesure, surtout si on a pris toutes les précautions suggérées plus haut.
Je ne veux pas que mon enfant soit sur Facebook
Certains parents réagissent très mal avec le fait que leur enfant soit sur Facebook. La peur prend toute la place, ils ne voient que les mauvais côtés du réseau, ses risques, ses possibles dérives. Si votre enfant a moins de treize ans, vous pouvez lui interdire l'accès au réseau en lui expliquant que son âge ne le permet pas. Appuyez sur le fait que vous ne souhaitez pas encourager les mensonges et la malhonnêteté. Il ne sert à rien de diaboliser Facebook, expliquez seulement à votre enfant que vous préféreriez qu'il attende d'être prêt.
C'est leur façon de communiquer
Si, toutefois, votre enfant est plus âgé, il est préférable de ne pas lui interdire l'accès à Facebook. La relation de confiance entre vous et votre lui risquerait d'en pâtir. Rappelez-vous qu'à cet âge, les enfants veulent, d'une part, faire partie du groupe et, d'autre part, s'émanciper légèrement de votre autorité. De plus, les adolescents accordent beaucoup d'importance à leur vie privée, à leur intimité. Le meilleur moyen de provoquer sa colère serait de lui enlever de force un loisir que tous les autres pratiquent. Certains parents vont jusqu'à aller désactiver eux-mêmes le compte de leur enfant, en changeant l'adresse courriel qui y est associée et en y mettant la leur à la place pour que l'enfant ne puisse plus réactiver son compte. Cette pratique n'est pas recommandée!
Des limites
Si vous craignez que Facebook ne fasse du tort à votre enfant, la meilleure attitude à adopter en est une d'ouverture. Faites-lui bien comprendre que s'il dépasse les bornes, il y aura des conséquences. Dites-lui que s'il utilise le réseau pour causer du tort à d'autres, il sera sévèrement puni. Vous pouvez aussi limiter le temps passé à l'ordinateur, afin d'éviter que Facebook ne l'accapare trop, jusqu'à devenir son seul intérêt. Et s'il vous invite à rejoindre son groupe d'amis, vous pouvez accepter, cela vous permettra de garder un oeil sur ses agissements.
En revanche, il se peut que votre jeune ne veuille pas de vous dans sa liste. N'insistez pas! Il est normal pour un adolescent de vouloir garder une sphère de sa vie à l'abri du regard parental. L'important, après tout, c'est qu'il sache qu'il peut compter sur vous dans le monde réel. Vous pouvez bien le laisser en paix dans le monde virtuel... tout en gardant un oeil ouvert!
Jeanne Dompierre, rédactrice Canal Vie