On croise parfois ces parents qui promènent leur enfant au bout de ce qu'on appelle communément une laisse ou un harnais. Certains, faisant le parallèle avec le fait de promener un animal, sont choqués par cette façon de faire qui est une option alternative à la poussette ou à l'écharpe de portage. Pour savoir s'il s'agit d'une bonne pratique ou pas, nous avons demandé l'avis de l'autrice, psychoéducatrice et conférencière Stéphanie Deslauriers.
Existe-t-il des études sur les enfants tenus en harnais? Est-ce un sujet étudié?
À vrai dire, pas vraiment. On ne recense pas d'études scientifiques officielles sérieuses sur ce sujet, sur ce que cela pourrait avoir comme impact sur les enfants ou sur la relation qu'ils entretiennent avec leurs parents. En discutant avec des collègues, je me suis rendue compte que choisir un harnais est un choix très personnel pour chacune des familles.
Quel genre d'occasions peuvent se prêter à l'usage d'une laisse avec son enfant?
Par exemple, imaginons une famille nombreuse qui aurait un enfant en âge de marcher et qui aurait tendance à courir partout, si elle va se promener dans un centre commercial bondé ou bien si elle visite un lieu dangereux comme le Grand Canyon, et dans un registre moins extrême que le Grand Canyon, je pense aux familles qui ont à traverser un stationnement bondé, le choix du harnais est très justifié. La sécurité étant alors la priorité.
Voyez-vous des contre-indications à l'usage des harnais?
Je pense que c'est neutre d'un point de vue professionnel et je ne vois pas de contre-indications spécifiques à l'usage d'un harnais. Le choix doit se faire en fonction de chaque enfant. Il y en a pour qui la poussette correspond mieux. Pour d'autres qui préfèrent marcher, le harnais peut s'avérer un bon choix. Le harnais permet à l'enfant d'explorer de façon très sécuritaire son environnement. J'ai connu une mère qui avait un enfant de trois ans et demi qui avait un TDAH (trouble déficitaire de l'attention avec hyperactivité) ainsi qu'un diagnostic de TSA (trouble du spectre de l'autisme) et qui a dû utiliser un harnais car c'était pour elle la seule façon de le laisser se promener tout en assurant sa sécurité, puisqu'il n'avait pas de notion du danger et pouvait avoir tendance à partir d'un coup en courant.
Comment faire ce choix de façon éclairée?
Il faut avant tout se fier à son jugement et toujours mettre le bien-être de l'enfant au centre de la question. On choisi en fonction de l'âge et de sa capacité à marcher de façon autonome notamment. Ensuite, il est tout à fait possible d'impliquer l'enfant dans la prise de décision si celui-ci a un niveau de compréhension assez développé. On lui demandera simplement s'il préfère rester dans la poussette ou bien d'utiliser le harnais. De cette façon il se sentira concerné.
Y a-t-il finalement une bonne réponse? Écharpe de portage, poussette ou harnais?
Je ne pense pas. Tout dépend de l'enfant, mais aussi des circonstances et de la sortie qu'on envisage faire. Il faut, je crois, agir au cas par cas et considérer les trois options comme des solutions dont chacune sera plus adaptée que les autres en fonction de chaque moment, de chaque circonstance.
Stéphanie Deslauriers est autrice du livre Le bonheur d’être un parent imparfait (Guy Saint-Jean Éditeur).
Guy Saint-Jean Éditeur
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