« Un père accusé d'infanticide », « « Une gardienne accusée d'avoir secoué violemment un bébé », « Enquête sur la mort mystérieuse d'un bébé à Shawinigan », « Mort suspecte d'un nourrisson à Granby ».
Ces gros titres envahissent ponctuellement la télévision, les journaux ou Internet et nous attristent. Mais comment expliquer ces évènements tragiques?
Qu'est-ce que ce syndrome?
Le syndrome du bébé secoué est un type de traumatisme crânien non accidentel. Il suffit qu'une personne secoue violemment le bébé sans frapper quoi que ce soit. La répétition de ce geste provoque des effets néfastes et parfois même la mort. Il peut entraîner de sévères dommages au cerveau et des invalidités permanentes comme la cécité ou la paralysie.
Ce qui se passe dans le cerveau du bébé secoué
Lorsque le bébé est secoué, le cerveau s'écrase à répétition contre l'avant et l'arrière de la boîte crânienne, créant des hémorragies, des lésions importantes aux tissus et un gonflement du cerveau. Certains bébés ont la tête plus lourde que d'autres et les muscles du cou plus faibles. Une secousse violente chez ces enfants peut causer la mort instantanément.
Chez les garçons de moins d'un an, il y a plus d'espace entre le cerveau et la boîte crânienne que chez les filles. Ceci explique la proportion plus importante de victimes chez les bébés de sexe masculin. Au Canada, le syndrome du bébé secoué est diagnostiqué chez un peu plus de 300 enfants par année.
Les jours suivant les secousses
- 10 % des bébés meurent;
- 25 % peuvent souffrir de retard mental majeur, de cécité et d'épilepsie;
- 50 % obtiendront un mauvais diagnostic compte tenu de l'ignorance des faits et gestes posés envers le bébé;
- Seul moins d'un enfant sur quatre s'en sortirait sans séquelles.
Les agresseurs
Les statistiques canadiennes révèlent qu'au pays, les agresseurs sont :
- 50 % : le père biologique;
- 20 % : le conjoint de la mère;
- 18 % : la gardienne, les grands-parents et autres proches qui s'occupent d'un enfant.
- 12 % : la mère;
Toute personne ayant la garde d'un enfant peut à un certain moment éprouver de la colère ou de la frustration. Certains bébés pleurent plus que d'autres. Les bébés prématurés et les enfants ayant des problèmes de santé, par exemple, peuvent donc être plus à risque. Secouer l'enfant ne représente nullement la solution.
Quoi faire lorsque le bébé pleure sans arrêt?
- Chercher la raison de ces pleurs : changer sa couche, lui donner à manger, éloigner l'enfant d'une source de chaleur ou du froid, ou encore soulager une fièvre.
- Éteignez les lumières et assurez-vous qu'il baigne dans un environnement calme. Baissez le volume de la télévision.
- Ajoutez de la musique douce ou encore des sons calmants. Il existe plusieurs CD chez les disquaires spécialement conçus pour calmer les bébés.
- Le mouvement apaise plusieurs bébés. Installez-le dans son porte-bébé ou une poussette et promenez-le. Bercez-le ou encore allez faire un tour de voiture.
- La tétée aide aussi parfois à calmer le bébé.
- Donnez-lui un bain chaud pour l'apaiser.
Quoi faire si les pleurs persistent et que vous pensez sérieusement perdre les pédales?
Vaut mieux prévenir que guérir : c'est quand bébé est calme qu'il est intéressant de voir les stratégies suivantes et penser à ce qui nous convient le mieux. Ainsi, si on sent qu'on perd le contrôle, on saura déjà comment réagir.
- Installez le bébé dans sa couchette et quittez la chambre quelques minutes. Laissez-le pleurer le temps de reprendre le contrôle.
- Respirez profondément.
- Prenez l'air sur le balcon, en vous éloignant des pleurs.
- Comptez à voix haute jusqu'à 20, 30 et plus.
- Écoutez de la musique douce ou des bruits de nature.
- Pleurez, laissez-vous aller avec vos émotions.
- Prenez une douche.
- Contactez un ami, un membre de la famille ou toute autre personne de confiance, et obtenez de l'aide.
- N'hésitez pas à contacter tout organisme, ou encore la police, lorsque vous croyez devoir exploser. Il n'y a pas de honte à craquer.
Quels sont les signes permettant de croire qu'un bébé a peut-être été secoué?
- Une somnolence inhabituelle;
- une irritabilité excessive;
- un refus de manger;
- des vomissements sans raison apparente;
- l'absence de sourires, de contacts oculaires et du babillage habituels;
- une rigidité du corps ou des convulsions soudaines;
- l'impression que bébé a de la difficulté à respirer.
Quoi faire si vous pensez que votre bébé a été secoué?
- Composez immédiatement le 911 ou rendez-vous à l'urgence le plus près de chez vous. Avisez l'infirmière de vos doutes dès votre arrivée.
- Si le bébé vomit, tournez tout son corps lentement dans la même direction en protégeant son cou, en attendant l'arrivée des secours.
Pourquoi secoue-t-on les bébés?
Les pleurs du bébé peuvent exaspérer ou épuiser certaines personnes à certains moments de leur vie. Le stress ressenti par cette personne peut l'amener à poser ce geste regrettable.
Quelles sont les répercussions juridiques d'un tel geste?
Secouer un bébé est une forme de violence et une agression criminelle aux yeux de la loi. Une enquête approfondie sera menée dans de tels cas. Plusieurs agresseurs ont été condamnés à de lourdes peines d'emprisonnement pour avoir secoué un bébé. Il faut vraiment prendre conscience de la fragilité du bébé et de la violence du geste posé envers le nourrisson.
Pour de l'aide
Vous avez besoin d'aide en tant que parent? N'attendez pas que la crise de nerfs se manifeste. Vous avez des questions, des inquiétudes ou des doutes, vous n'êtes pas seul. D'autres personnes vivent le même scénario que vous. Des professionnels de la santé travaillent pour vous aider à éviter le pire. Ils comprennent votre situation. Vous trouverez du soutien en contactant Ligne parents (1 800 361-5085). Il n'y a pas de honte à demander de l'aide, bien au contraire.
Gilles Lapointe, rédacteur Canal vie
Cet article a été révisé par Geneviève Harbec, cadre conseil pour le secteur de la pédiatrie au Chu Sainte-Justine.