« Tu ne devrais pas le laisser pleurer si longtemps » « Laisse-le pleurer! » « Il aura froid si tu l'habilles comme ça. » « Mets du miel sur sa suce. » « Pose-le un peu, tu vas en faire un enfant gâté » « Cette crème n'est pas bonne pour sa peau »...
Vous avez dans votre entourage des proches qui ne peuvent s'empêcher de donner leur avis sur la façon dont vous éduquez votre enfant et conseillent à tout vent, même (et surtout) quand on ne leur demande rien. Que ce soit vos parents ou vos beaux-parents, vos frères et soeurs ou votre voisine de palier ne change rien : les recommandations permanentes de certains deviennent vite insupportables. Comment réagir?
Pourquoi les conseils extérieurs dérangent tellement?
À la naissance d'un enfant, il y a beaucoup de nouvelles choses à apprendre et assimiler. Les nouveaux parents ont beau avoir lu tous les ouvrages à la mode et consulté les meilleurs sites Internet disponibles, la réalité est souvent bien différente. Comme dans tous les domaines, la théorie est bien insuffisante lorsqu'on en vient à la pratique, et il peut arriver que vous sembliez désorganisés ou incertains quant aux gestes à poser, du moins aux yeux de ceux qui vous entourent.
Tout le monde a des trucs
La plupart du temps, lorsque vos parents ou vos beaux-parents (par exemple) vous donnent des conseils, ce n'est pas pour vous déranger et vous faire sentir « nul », mais c'est parce qu'ils s'imaginent que leur grande expérience peut vous être profitable. Sans prendre en compte que les temps et les moeurs ont changé, ils souhaitent simplement vous aider en vous faisant part de tous les « trucs » qu'ils ont eux-mêmes utilisés. De plus, bien souvent, ils ne parviennent pas à comprendre le bien-fondé de vos méthodes d'éducation puisque, dans leurs yeux, ils ont réussi à élever leurs propres enfants de manière satisfaisante. Pourquoi changer une méthode qui marche, se disent-ils?
Situation stressante
De votre côté, il est fort possible que ces interventions (surtout si elles sont fréquentes) minent votre confiance en vous. Vous vous sentez peut-être agressé et avez l'impression que l'on minimise votre capacité à être un bon parent. Peut-être parce que vous êtes justement dans une période d'adaptation à votre nouveau rôle, vous cherchez vos repères et tâchez de mettre sur pied une dynamique familiale et une méthode d'éducation qui vous convienne.
Il arrive que les conseils extérieurs nous dérangent, sans pour autant créer de réelle tension. Par exemple, si votre voisine vous dit systématiquement quand elle vous rencontre devant la maison « Ce bébé est trop couvert, il va avoir chaud », il n'est pas nécessaire de prendre la mouche... Approuvez gentiment, et continuez à faire comme bon vous semble. C'est quand les remarques proviennent des proches qu'elles « tapent sur les nerfs. » Que faire?
Faire preuve de diplomatie
Oui, c'est peut-être difficile après une semaine sans sommeil (ou presque), un bébé qui pleure beaucoup, une maison en désordre et un conjoint qui travaille trop... mais il est nécessaire de rester calme et d'exprimer votre opinion de façon diplomatique, au moins au début!
Il ne sert à rien de créer un conflit sans même avoir essayé de régler le problème de façon pacifique. Commencez par dire gentiment à la personne concernée que, bien que vous appréciiez son implication et son désir de participer à l'éducation du bébé, c'est vous seule qui décidez de ce qui est le mieux pour l'enfant, puisque c'est vous le parent. Vous pouvez également ajouter que vous prendrez son avis avec plaisir quand vous en ressentirez le besoin.
Parfois, il suffit d'une seule conversation pour se rendre compte que la personne qui vous énervait tant ne s'était même pas rendu compte que son attitude vous dérangeait... Et le problème sera vite réglé!
Mettre les points sur les i
Malheureusement, dans bien des cas, les choses ne se passent pas aussi facilement et vous aurez besoin de vous affirmer de manière plus sévère afin de constater un réel changement. Il peut sembler difficile de parler clairement, particulièrement lorsque les personnes qui vous dérangent sont très proches. Dans le cas d'un parent ou d'une soeur, par exemple, on est souvent partagé entre deux sentiments : blesser la personne concernée ou endurer en se sentant de plus en plus mal.
Il n'est généralement pas conseillé d'attendre trop longtemps, parce que lorsque vous ne supporterez vraiment plus les interventions extérieures, il est possible que vous éclatiez et fassiez vraiment de la peine à des gens qui vous aiment. Soyez fermes et clairs, mais n'hésitez pas à vous affirmer. Vous en avez tous les droits. Ne cédez pas au chantage affectif et ne culpabilisez pas devant les reproches qui viendront peut-être. Cet enfant est le vôtre, vous l'avez mis au monde, vous êtes seule responsable de son bien-être. Et même si vous faites des erreurs (et vous en ferez), c'est l'unique manière d'apprendre à être un bon parent.
Couper les ponts?
Dans certains cas, la fameuse conversation se passe si mal qu'une rupture provisoire est parfois la seule issue. Ceci est bien sûr regrettable et il est toujours mieux de trouver un terrain d'entente. Après tout, les divergences ne portent que sur le bien-être de votre bébé, ce qui prouve bien que tous les protagonistes l'aiment et ne veulent que son bien...
Lorsque c'est faisable, tâchez de ne pas aller si loin, car malgré ce que vous en pensez, la famille est importante dans l'entourage d'un tout-petit. Cependant, ne vous culpabilisez pas si vous n'y parvenez pas. Il sera toujours possible de reprendre contact un peu plus tard, lorsque vos sensibilités respectives seront remises.
Rappelez-vous enfin que l'important est que vous vous sentiez parfaitement à l'aise dans votre nouveau noyau familial. De votre propre bien-être dépend celui de votre bébé... Alors, tout en restant aimable et poli, prenez les mesures nécessaires afin de vous assurer qu'aucun parasite extérieur ne viendra briser votre harmonie de vie. C'est bien là le plus important.
Cécile Moreschi, rédactrice Canal Vie