Nous aimerions tous éviter à nos enfants de passer par des moments pénibles et douloureux. Malheureusement, tout n'est pas toujours en notre pouvoir et il arrivera certains moments où nous ne pourrons qu'aider et soulager nos jeunes. C'est le cas lorsqu'un décès survient au sein de l'entourage immédiat de l'enfant. Que pouvons-nous faire, en tant que parents, pour l'aider à faire face à cette épreuve?
Le sentiment de perte
L'enfant qui apprend le décès d'un proche peut, au départ, donner l'impression de ne pas réagir. En fait, le concept de la mort est abstrait pour lui. « Grand-papa est parti au ciel » peut être, au contraire, une notion plutôt intéressante à ses yeux et ne pas sembler aussi triste que les parents proches peuvent l'exprimer. Pourtant, quel que soit son âge, le bambin qui perd un être qu'il aime ressentira un profond malaise et une tristesse au fil du temps. De plus, les réactions de l'entourage et l'atmosphère générale influenceront aussi grandement ses comportements et sa perception des choses.
S'il est très jeune, il lui sera impossible de mettre des mots sur ses émotions, mais ce n'est pas pour autant qu'il ne ressentira pas le manque de la personne qui était là... et n'y est plus. Bien sûr, plus la personne décédée (parent, grands-parents, etc.) est proche physiquement du tout-petit, plus celui-ci percevra les différences liées à son absence, même s'il ne peut encore comprendre le concept de la mort.
Si l'enfant est un peu plus âgé et peut comprendre (au moins partiellement) que le proche disparu ne reviendra pas, il aura probablement plusieurs questionnements internes. Vous remarquerez aussi des changements dans ses habitudes.
Les comportements possibles de l'enfant en deuil
Chez le tout-petit de 0 à 2 ans
- pleurs fréquents
- irritation
- insécurité
- agitation
- angoisse de la séparation
Chez l'enfant de 3 à 7 ans
- tristesse
- sentiment d'abandon
- régression : l'enfant recommence à sucer son pouce, faire pipi au lit, parler comme un bébé
- anxiété et insécurité qui se manifestent souvent par des troubles physiques : par exemple, des maux de ventre et de tête
- troubles du sommeil et cauchemars
- troubles de l'appétit
- comportements parfois colériques et agressifs
- fluctuation des émotions dans de courts laps de temps : passer du rire aux larmes sans raison apparente
Chez l'enfant plus âgé
- culpabilité
- peur de la maladie, de la solitude
- agressivité, colère
- difficultés de concentration et d'attention à l'école, désintérêt pour ses études
- isolement souvent du à une crainte de la différence (« moi, je n'ai plus de maman »)
- peur de l'abandon
- attachement démesuré (parfois gênant) à certaines personnes
Comment l'aider à passer au travers du deuil
Comme le dit la chanson « avec le temps, va, tout s'en va... » Ainsi, ce ne sont que les jours qui s'écoulent qui permettront d'oublier la tristesse et revenir à une certaine normalité, sans l'être aimé... Bien sûr, en tant que parents, nous pouvons aider nos enfants, de diverses manières, pour que la transition se fasse le plus naturellement possible. Il est nécessaire pour cela de rester ouverts au dialogue, malgré notre propre tristesse, et surtout de tenir compte de l'âge de nos enfants et de leur capacité à comprendre ce qui arrive dans leurs vies.
Quelques pistes à explorer
- Chez le tout-petit : il est primordial de conserver au maximum la routine, de lui parler doucement, de s'assurer que tous ses besoins affectifs soient comblés par des personnes qui l'aiment.
- Il faut être honnête et expliquer les choses à l'enfant, telles qu'elles se sont passées (en tenant compte de son âge et sa capacité à comprendre). Utilisez des mots concrets et laissez de côté les métaphores compliquées.
- Vous devriez encourager votre jeune à exprimer ses émotions, son ressenti, à se remémorer les bons moments avec la personne disparue.
- Il est aussi nécessaire de le rassurer : il n'est ni coupable, ni responsable.
- Ne craignez pas d'exprimer vous aussi vos sentiments devant votre enfant. Il comprendra ainsi que sa réaction est parfaitement normale, qu'il n'est pas seul dans ce qu'il vit.
- Assurez-le de votre amour pour lui. Dites-lui que la vie continue, faites des activités avec lui (même si votre coeur n'y est pas) pour qu'il comprenne bien qu'il ne faut pas se laisser aller.
- Laissez-le choisir quelques « trésors » parmi les biens et les photos de la personne disparue.
- Ne l'écartez pas de la cérémonie des obsèques, s'il souhaite y participer. Également, laissez-le voir le corps, s'il le désire, à condition que celui-ci ne soit pas défiguré (pour éviter un traumatisme). Parfois, cela aide à faire réellement la coupure dans la tête de l'enfant.
Si le deuil semble se prolonger...
Normalement, après quelques semaines, quelques mois tout au plus, la vie devrait reprendre son cours de manière normale. Bien sûr, il y aura toujours des moments de tristesse et de manque, mais vous devriez remarquer un changement positif dans l'attitude de votre enfant.
Si cela n'est pas le cas, il est possible qu'il ait des difficultés particulières à gérer ses émotions. Il faut alors être particulièrement ouvert au dialogue et communiquer avec lui. De plus, il peut parfois être nécessaire pour lui de recevoir une aide professionnelle. N'hésitez pas à consulter le pédopsychologue de son école, votre médecin de famille, ou un travailleur social de votre CLSC. Ils sauront vous diriger adéquatement vers la personne susceptible de l'aider à faire face à sa douleur et ses préoccupations.
Rappelez-vous que cette épreuve, même si elle marquera pour toujours la vie de votre enfant, fait partie des apprentissages qui feront de lui un adulte épanoui et responsable.
Cécile Moreschi, rédactrice Canal Vie