On ne se mettra pas la tête dans le sable: à première vue, les termes «compétence» et «romantisme» ne semblent pas aller bien ensemble. Pourtant, la «compétence romantique» existe bel et bien, et ce que l'on attribue généralement à un trait de caractère inné relève peut-être en réalité d'une compétence à développer et à entretenir.
C'est cette théorie que la psychologue et directrice de la formation clinique au département de psychologie de l'Université Stony à Brook à New York Joanne Davila a exposé très bien dans une conférence TEDx appartenant à la série «Comment être un meilleur être humain».
Tout d'abord, soyez rassurés, si vous estimez que vous n'êtes pas une ou un romantique compétent. Selon cette spécialiste, il n'est jamais trop tard pour développer les capacités qui vous permettront notamment de «trouver ce dont vous avez besoin, trouver la bonne personne, bâtir une relation saine et sortir des relations malsaines».
Pour la chercheuse, la compétence romantique repose sur trois aspects fondamentaux: la perspicacité, la mutualité et la gestion (ou régulation) des émotions.
La perspicacité
La première compétence est la perspicacité. Selon Joanne Davila, «La perspicacité est une question de sensibilisation, de compréhension et d'apprentissage. Avec de la perspicacité, vous aurez une meilleure idée de qui vous êtes, de ce dont vous avez besoin, de ce que vous voulez vraiment. Vous comprendrez pourquoi vous faites ce que vous faites».
Pour expliquer son point, elle prend l'exemple de quelqu'un de vraiment irritable avec son partenaire. Si cette personne est perspicace, elle se rendra compte que ce n'est pas sa partenaire qui fait quelque chose de mal, mais elle qui est vraiment stressée au travail et qui a besoin de se détendre pour ne pas affecter son couple. «Avec de la perspicacité, vous serez en mesure d'anticiper les conséquences positives et négatives de votre comportement.»
La réciprocité
La deuxième valeur évoquée par la spécialiste est la réciprocité. Pour Davila, «C'est savoir que les deux personnes ont des besoins et que ces besoins sont importants». Selon elle, le fait d'être en mesure d'évoquer ses propres besoins d'une manière claire et directe augmente la probabilité que ceux-ci soient comblés. Pour expliciter ce concept, la spécialiste donne l'exemple d'une personne qui doit assister à un événement familial très stressant et qui aimerait que sa/son partenaire soit présent(e) avec elle. Idéalement, elle devrait lui dire de façon très directe «Tu sais, ça va être stressant pour moi. J'aimerais vraiment que tu sois là; ta présence me sera très utile. Est-ce que tu penses pouvoir libérer du temps pour venir avec moi?».
La réciprocité c'est aussi et surtout tenir compte des besoins des deux dans les décisions qui concernent le couple. «Disons que vous obtenez une excellente offre d'emploi que vous aimeriez accepter, mais vous savez que cela signifie que vous devrez travailler davantage, et vous savez à quel point il est important pour vous et votre partenaire de passer du temps ensemble. Avec une approche de réciprocité, vous pourriez dire : «Tu sais, j'aimerais vraiment accepter ce poste, c'est très important pour moi, mais je veux aussi qu'on passe du temps ensemble. Si je promets de garder ces périodes du temps passé ensemble, serais-tu d'accord pour que je prenne ce travail?».
La gestion/régulation des émotions
Enfin, la gestion, ou régulation des émotions est à prendre en considération. «La gestion des émotions consiste à réguler vos sentiments en fonction de ce qui se passe dans votre relation», dit Davila. Vous serez ainsi capable de contrôler vos émotions et de mettre en perspective les choses.
L'exemple donné ici est celui de quelqu'un qui attend un texto de sa/son partenaire, mais le texto tarde à arriver. La personne peut se dire que le texto n'arrivera jamais, elle devient alors anxieuse et vérifie son téléphone toutes les deux secondes. Alors qu'avec la régulation des émotions, la même personne parviendra à se calmer et à se dire que le texto finira par arriver et qu'il n'y a donc pas besoin de vérifier le téléphone toutes les secondes. «Je vais le ranger et me concentrer sur ce que j'ai à faire», se dira cette personne.
Le plus tôt, le mieux
En conclusion, la chercheuse cite une étude portant sur des filles de 13 et 14 ans qui a démontré que celles qui étaient plus compétentes sur le plan romantique se sentaient plus à l'aise dans leurs relations, s'inquiétaient moins du rejet et avaient une meilleure santé mentale.
En ce qui concerne la tranche des jeunes de 18 à 25 ans, cette étude mentionne que les hommes et les femmes plus compétents sur le plan romantique se sentent plus en sécurité dans leurs relations, prennent de meilleures décisions et sont plus aptes à rechercher et à fournir du soutien à leurs partenaires. «Il n'est jamais trop tard pour apprendre la compétence romantique, dit la spécialiste. Et plus tôt nous pourrons commencer à enseigner aux jeunes que nous connaissons ces trois compétences que sont la perspicacité, la gestion des émotions et la réciprocité, plus ils seront en mesure d'avoir des relations plus saines et plus heureuses».
Source: Ideas.ted.com