Une amie qui faisait partie d’une chaîne téléphonique aux aînés m’a inspiré à faire de même et à prendre un peu de mon temps – parce que du temps, on a beaucoup depuis un moment – pour faire à mon tour une mini différence dans la vie de gens hautement confinés.
Touchée par ce qu’on m’a candidement raconté, j’ai eu envie de partager des phrases qui m’ont émues et de simples mais beaux moments qui nous ont fait à tous un bien fou.
« J’ai eu le temps de tenir mon arrière-petit-fils dans mes bras avant le confinement »
Lorsque je téléphone à Thérèse, c’est son mari qui répond et cela me rassure d’un coup. Ce simple « Bonjour » me signifie qu’elle n’est pas seule. Je demande tout de même à lui parler parce que j’ai envie d’entendre sa voix, même si je ne sais rien d’elle, si ce n’est qu’elle aime la lecture au point d’être encore abonnée à un magazine papier (cette liste de noms est composée d’abonnés à un magazine pour les aînés avec qui je collabore pour ce projet).
Elle me répond d’une voix enjouée qui me donne de l’espoir et je lui confie que je suis heureuse de la savoir accompagnée en ces temps difficiles. Je me dis qu’elle coupera sans doute court à la conversation, n’ayant pas nécessairement besoin de parler. J’ai tout faux, car Thérèse, même si elle est « fort occupée », a envie de me raconter sa famille, les enfants qui viennent leur rendre visite à l’extérieur et à tour de rôle chaque semaine, son mari que j’entends me répondre joyeusement derrière, ses petits-enfants qu’elle voit par vidéo et son arrière-petit-fils tout neuf qu’elle a pu cajoler juste avant le début de tout cela.
Son déménagement imminent aussi qui lui fait me dire en riant : « On n’a pas le temps de s’ennuyer, on est dans les boîtes par-dessus la tête et on a hâte de déménager. On est bien, on va bien ».
Thérèse est belle et pétillante jusque dans sa voix et je raccroche en me disant que c’est sans doute à moi qu’a fait le plus de bien ce joyeux appel.
« On est encore et toujours là l’une pour l’autre, ne t’inquiète pas, je vais très bien »
Mon téléphone à Jocelyne est comme un vent de fraîcheur. Bref, mais doux, il me redonne foi en une vieillesse où mes précieuses amies feront toujours partie intégrante de ma vie.
Lorsque je l’interroge sur sa façon de vivre son confinement, elle me répond : « Oh tu sais, je suis bien occupée. J’ai des appels vidéo tous les jours avec mes amies! On n’est plus jeunes jeunes alors on respecte les consignes et on reste à la maison, mais mes amies et moi on se parle chaque jour, on se voit par vidéo, on s’épaule et en rit ». Quand elle a ajouté « on est encore et toujours là l’une pour l’autre, ne t’inquiète pas, je vais très bien » je pense que mon cœur a un tout petit peu fondu.
« J’en profite pour faire le grand ménage, peinturer, planter des fleurs, nager et lire doucement mes magazines »
Ginette a tout de suite tenu à le préciser en riant : « Je n’ai pas encore 70 ans, j’en ai 69 alors je sors un petit peu ». Elle et son mari de 68 ans respectent pourtant les recommandations du gouvernement et restent le plus possible à la maison. « On sort faire l’épicerie, j’ai acheté des masques d’une compagnie québécoise, mais c’est différent et pas toujours évident », qu’elle m’a avoué.
Nous avons discuté un moment de cette nouvelle réalité, de la piscine qu’elle n’aurait pas pensé utiliser en plein mois de mai et de la belle place qu’a la lecture dans sa vie en ce moment. Elle m’a demandé comment moi j’allais et ça m’a touché cet instinct - qui ne se perd heureusement pas - d’aller vers l’autre.
Je n’ai pas été surprise de savoir qu’elle était, comme moi, une voyageuse et peinée de savoir que ses voyages comme les nombreuses activités auxquelles elle prenait part avec son club de l’Âge d’Or étaient tous annulés. « D’habitude, je voyage avec l’Âge d’Or, mais cette année, des voyages, il n’y en aura pas », qu’elle m’a dit. Et moi, j’ai tellement compris comment elle se sentait.
« Je jouais aux quilles, à la pétanque, je prenais des cours de danse, je faisais du conditionnement physique », qu’elle a ajouté un peu triste avant d’ajouter que, par contre, elle ne s’ennuyait pas. Elle est trop occupée à ranger, peinturer, garnir son jardin de fleurs et à prendre le temps de lire, doucement.