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On le sait déjà, les abeilles sont très malmenées depuis quelques années, pour plusieurs raisons… Sauf qu'elles sont absolument essentielles à nos éco-systèmes et à notre chaîne alimentaire.
C’est ainsi qu'un nouveau mouvement appelé No Mow May (« pas de tonte en mai ») fait de plus en plus de bruit. Voici pourquoi vous devriez considérer retarder la première tonte de votre pelouse jusqu’en juin.
Avoir une magnifique pelouse verte, c’est plus qu’un simple tapis de verdure… C’est devenu avec le temps un symbole de réussite sociale : maintenir ce gazon fourni, impossiblement vert et sans mauvaises herbes envoie en effet le message que vous êtes un propriétaire compétent, travaillant et qui contribue à l’embellissement de la société ! C’est si vrai que très peu de gens remettent en question les heures, la constance sans relâche, les coûts, l’eau et les produits chimiques considérables qui doivent être investis pour garder le contrôle là-dessus.
Mais en plus de tout ça, le gazon a un coût environnemental supplémentaire dans le sens où il appauvrit les éco-systèmes (en favorisant de grandes surfaces de monoculture traitée aux herbicides et pesticides) et en ne donnant rien comme nourriture aux pollinisateurs tels que les abeilles.
En effet, seulement 8 pissenlits sont en mesure de fournir assez de nectar pour sustenter une abeille ou un bourdon pendant toute une journée. Et le problème c'est qu'en mai, au tout début de la saison, il y a peu d'autres fleurs que les abeilles peuvent polliniser... La grosse majorité des plantes vivaces fleurissent plus tard, et les nuits sont encore trop fraiches pour planter les annuelles. Les abeilles dépendent donc des pissenlits et autres petites fleurs sauvages du genre -qu'on considère souvent à tort comme des mauvaises herbes.
Ce que prône ce mouvement, qui est apparu en Angleterre mais fait de plus en plus parler de lui en Amérique du Nord, c’est donc de laisser aux abeilles le temps de prendre des forces en début de saison de croissance.
Selon le mouvement No Mow May, on ne tond donc pas le gazon durant tout le mois de mai, mais on en traite pas non plus la pelouse et on ne se débarrasse pas des pissenlits et autres mauvaises herbes. Ceci procure aux abeilles des habitats ainsi que du « fourrage » dont les pollinisateurs peuvent se nourrir. C'est donc une pause pour les humains qui ont moins besoin de travailler dans le jardin -ainsi qu'un répit pour ces insectes amis.
C’est évident : si vous attendez jusqu’en juin pour tondre la pelouse, la première tonte sera plus difficile car le gazon sera long et les mauvaises herbes nombreuses !
La première chose à faire dans ce cas est d’ajuster les lames de la tondeuse pour qu’elles soient les plus élevées possibles. Et lors de cette première tonte, c’est aussi important de prendre tout son temps et de vérifier souvent l’état des lames.
Si le gazon est si long que ça semble ingérable, c’est également possible de passer le coupe-bordure sur le gazon en premier lieu, simplement pour donner une chance à la tondeuse.
Et si ne pas tondre en mai donne un coup de pouce aux abeilles, on peut aussi aller encore plus loin. Tondre moins souvent durant toute la saison par exemple -ou même réduire ou éliminer sa surface gazonnée!
Si vous souhaitez réellement aider les abeilles –et que peut-être vous n’en pouvez plus de l'entretien et des coûts éternels liés à la pelouse, sachez qu’il existe des alternatives !
Évidemment, moins la surface de gazon est vaste et plus ces alternatives sont faciles à implanter... Mais à cause de la densité, la plupart des propriétés en ville ou en banlieue n’ont pas des terrains immenses de toute façon.
Ce dont il faut se rappeler, c’est que ce n’est pas tout ou rien : votre terrain pourrait être un beau mélange de tout ça !
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Au lieu du gazon, il existe des plantes rampantes que l’on peut planter et qui couvriront toute la surface disponible. On peut par exemple penser au thym rampant, au phlox mousse (présenté en photo ci-haut; même si ces images proviennent du Japon où cette plante est particulièrement populaire, elle pousse aussi TRÈS bien au Québec), au sédum rampant, au faux fraisier et à la petite pervenche.
Une surface recouverte de thym ou de trèfle n’a pas le lustre luxuriant d’une pelouse parfaitement verte, mais elle évite les zones vides ou inégales, elle prévient la prolifération des mauvaises herbes et est beaucoup plus facile d’entretien ! Les plantes couvre-sol procurent de nombreux avantages :
Habituellement, leur seul léger désavantage est qu’elles peuvent prendre plus de temps que le gazon à s’établir et à prendre assez d’expansion pour former un tapis fourni. On peut toutefois accélérer le processus en les plantant plus densément dès le départ.
Dans certains cas, il peut être possible de minimiser, voire d’éliminer la pelouse tout simplement en agrandissant de plus en plus les plate-bandes. Celles-ci pourront être entrecoupées de sentiers en gravier ou en tuiles, et plantées avec un mélange de vivaces résistantes, d’arbustes, et d’annuelles.
Au lieu du gazon, il est aussi parfois possible de planter des semences annuelles de fleurs ou d’herbes sauvages, en grande densité si on veut que le tout forme un beau « tapis » rappelant les pâturages naturels.
Moins connu ici, ce type de paysagement est de plus en plus populaire dans les climats arides, par exemple la Californie où la sécheresse préoccupante a remis en question bien des mentalités et des acquis. Dans ces endroits où l’irrigation est souvent désormais carrément interdite, la pelouse n’est plus possible et on a vu apparaître des terrains recouverts de gravier, habituellement entrecoupé de grosses pierres décoratives ainsi que de quelques plantes indigènes qui demandent très peu d’entretien ou de bacs de culture.
On ne parle bien sûr pas ici de gros gravier gris aux rebords irréguliers qu’on voit le plus souvent au Québec (la fameuse « garnotte ») mais plutôt de petites pierres de rivière polies et agréables sous le pied, beaucoup plus esthétiques !
Finalement, dans certains cas pour la cour arrière, il est possible de remplacer le gazon par diverses formes de terrassement. Que ce soit une terrasse ou un patio qui prend presque toute la place, ou encore un autre type de recouvrement comme des tuiles ou même des matériaux naturels comme des billots de bois.
Si votre municipalité possède une règlementation très stricte face à la hauteur de la pelouse ou encore face aux mauvaises herbes, vous pourriez peut-être leur faire part du caractère purement esthétique et néfaste pour l’environnement de ce type de règlement. Les villes sont en général beaucoup plus sensibles aux enjeux environnementaux désormais, et d’autres règlementations du même genre ont été assouplies dans les dernières années, par exemple pour les poules urbaines et même les potagers en façade ou en bordure de rue.
Le meilleur moyen de faire entendre votre point à la municipalité est de communiquer directement avec le conseiller municipal de votre quartier ou arrondissement.
Et si ce sont plutôt vos voisins qui sourcillent à la vue de votre pelouse désormais moins parfaitement manucurée, rien ne vous empêche d’installer un petit panneau qui leur indique qu’il ne s’agit pas de négligence, mais plutôt d’un geste important pour l’environnement. Cette page de Bee City USA (en anglais) offre différents exemples d’enseignes et d’outils à télécharger gratuitement.
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