
Crédit photo: Musée canadien de la guerre/Collection d'archives George-Metcalf/MCG 19920044-242
Trois membres du 22e bataillon francophone se tiennent dans une tranché.
Lors du déclenchement des hostilités en 1914, tous les belligérants misaient sur une guerre de courte durée. Mais après le choc brutal des premiers affrontements et l’arrêt de l’avance des Allemands à la suite de la bataille de la Marne, on creuse des trous de part et d’autre pour tenir ses positions devant l’ennemi.
S’amorce alors la guerre de tranchées qui durera quatre longues années. Entre deux assauts aux gains de terrain souvent nuls, la majeure partie du temps des soldats se déroule au fond de ces trous où ils doivent supporter la pluie, le froid, la boue, la vermine et les poux. La cohabitation avec ces satanés parasites qui empêchaient souvent les hommes de dormir et les rats obèses qui volaient la nourriture suffisait à rendre fou.
Crédit photo: Musée canadien de la guerre/Estampe du Capitaine Charles Bruce Bairnsfather/Collection d'art militaire Beaverbrook/MCG 19830594-008
Dans cet inconfort constant, l’odeur des morts qui pourrissaient dans le No Man’s Land alimentait la peur du jour où il faudra « sortir de la tranchée » et se transformer en chair à canon. Ajoutez à cela les toilettes à ciel ouvert et les maladies infectieuses, dont la grippe espagnole qui a tué des milliers de soldats, déjà affaiblis par les mauvaises conditions de vie, et vous avez une petite idée de l’enfer des tranchées. Il n’est pas étonnant qu’on ait aussi inventé le mot « cafard » pendant la Première Guerre mondiale pour désigner les symptômes de la dépression. Contrairement à ce que l’on peut s’imaginer, les tranchées n’étaient pas conçues en ligne droite, mais en zigzag comprenant trois lignes pour permettre le repli lorsque les premières lignes sont attaquées.
Des fils barbelés, des mitraillettes et des tireurs aux aguets assuraient la défense de la tranchée. Comme on ne s’attendait pas à vivre quatre ans sous la terre, les tranchées alliées étaient généralement moins bien conçues que celles des Allemands qui ajoutaient du bois sur les parois, créaient des dortoirs et avaient parfois même l’électricité. Nourrir des milliers de soldats dans les tranchées était un défi de tailles, tant au niveau de l’approvisionnement que le transport et la conservation des aliments. Au fur et à mesure que la guerre se prolongeait, les rations de viande diminuaient.
Crédit photo: Musée canadien de la guerre/Collection d'archives George-Metcalf
Heureusement qu’on pouvait encore chanter, lire les journaux humoristiques et surtout boire de l’alcool pour se réchauffer et se donner du courage avant les assauts. Les soldats français qu’on surnommait affectueusement les Poilus, ont inventé le mot « Saint Pinard » pour désigner l’indispensable vin rouge.
Pour leur part, les Canadiens et les Britanniques buvaient religieusement leur ration quotidienne de rhum. Pour éloigner le cafard et oublier les poux, voici une petite chanson cynique et critique envers l’autorité militaire. « Si vous cherchez le sergent, je sais où il est, il est en train de boit tout notre rhum ! » On trouve également de nombreuses chansons de guerre en français, dont le classique Le cri du Poilu ici interprétée par Nine Pinson. « Au lieu de la sale gueule des Allemands, il aimerait bien mieux certainement une femme, une femme! »