L’aquamation constitue une nouvelle façon au Québec de disposer du corps d'un défunt. Il s’agit d’un processus de crémation qui utilise l’eau plutôt que le feu. Bref, au lieu de se désintégrer par le feu, on se désintègre par l’eau! C’est simple, non?! En plus, c’est écologique et économique. Que demander de plus?
Moi qui suis une fille d’eau, pourquoi ne pas m’y mêler lorsque viendra la fin de ma vie? J’ai toujours pensé redevenir poussière, pourquoi ne pas retourner à une forme aqueuse?
Jusque-là, c’est presque beau. Lorsqu’on en reste à cette idée, ça va! J’y adhère, sans problème. Lorsque je m'y attarde davantage, j'en suis un peu moins sûr!
Comme la plupart des gens, je n’aime pas penser à la mort. Honnêtement, cela m’effraie. Lorsque je lis sur ce sujet, plutôt macabre, j’aime mieux ne pas imaginer la fin de mes jours et celle de mes proches. Pourtant, on n’y échappera pas… alors aussi bien s’informer!
L’aquamation, un nouveau procédé écologique
À l’ère de la nécessité de protéger notre environnement, l’aquamation constitue l’option à privilégier.
En effet, il s’agit actuellement du procédé le plus écologique pour disposer du corps d’un défunt. Contrairement à la crémation par le feu, l’aquamation n’émet aucun CO2 dans l’atmosphère. L’appareil nécessite également 90 % moins d’énergie que lors d’une crémation. Le gaspillage d'eau est pratiquement nul puisque celle utilisée est retournée dans les égouts par la suite. De plus, la quantité d’eau nécessaire correspond sensiblement à la même quantité utilisée par un adulte sur une période de 1 à 2 jours. À cela, s’ajoute le fait qu’il n’y a pas de combustion de cercueil, ou autre contenant, puisque le corps est déposé directement dans l’appareil qui effectue l’aquamation.
Un procédé économique
Il s’agit aussi de l’option la plus économique. Près de 80 % des gens se tournent vers la crémation, entre autres par souci des coûts. Face au marché lié à la mort, il s’avère de plus en plus nécessaire de se questionner par rapport aux frais qui devront être déboursés à notre décès. Plusieurs pourront pencher pour l’aquamation, car le procédé se révèle encore plus économique que la crémation. Il s’agit d’un autre élément à considérer lorsque vient le temps de faire nos préarrangements funéraires.
Il semble n’y avoir que du positif dans cette nouvelle méthode. Pourtant, les salons funéraires sont peu nombreux à offrir cette alternative. Seulement deux endroits au Québec proposent ce service, pour l’instant. Car évidemment, tout n’est pas si noir ou blanc. Et lorsqu’on parle de la mort, on est souvent dans une zone grise. Il faut bien comprendre le processus de l’aquamation pour prendre une décision éclairée.
Le processus d’aquamation, qu’en est-il exactement?
Concrètement, lors de l’aquamation, on plonge le corps de la dépouille dans une eau à 96 degrés Celsius, à laquelle est ajouté un mélange de sodium et de potassium. Le mouvement, la chaleur et l’alcalinité de l’eau accélèrent l’hydrolyse des tissus. Selon l’appareil, il prendra entre 6 ou 12 heures pour que le corps se soit dissout complètement dans l’eau. Il ne restera que les os (100 % des os, alors qu’il n’en reste qu'environ 80 % lors de la crémation) qui seront ensuite réduits en poudre afin de les remettre à la famille dans une urne.
Le corps n’est donc pas bouilli, ça me rassure… mais au fond si peu!
Et l’on termine dans les égouts?
La solution aqueuse qui en résulte est renvoyée dans les égouts qui seront déversés à l’usine de traitement des eaux. C’est là qu’on accroche! On aimerait uniquement avoir en tête que l’eau retourne à la rivière. Mais non, elle passe, bien sûr, par les égouts.
Cet aspect dérange quelque peu. D’ailleurs, les évêques du Québec ne se montrent pas en faveur de ce nouveau procédé et se questionnent par rapport à la marque de respect que l’on attribue aux défunts. Car oui, en quelque sorte, ce qu’il reste de notre corps, mis à part nos os, se retrouve dans les égouts… Mais il s’agit, en principe, de microparticules. Ce n’est pas vraiment mieux lors de la crémation et encore moins, lorsque l’on pense à ce qu’il se passe sous terre.
Qu’en est-il du respect de nos défunts, des rituels et du deuil?
Lorsqu’on se tourne vers le passé, ou que l’on va simplement au musée, et que l’on s’attarde entre autres à la momification, on réalise à quel point le rapport au corps a bien changé à travers le temps.
Toutefois, lorsqu’on pense aux 3 options qui attendent notre corps après la mort à l’heure actuelle, il n’y a rien de réjouissant!
- On se fait enterrer et l’on sait ce qui nous attend sous terre. Et ça, j’aime vraiment mieux ne pas y penser!
- On se tourne vers la crémation. Le mot encore une fois est doux, mais il représente tout de même un four dans lequel on sera réduit en cendres. J’ai toujours eu un penchant pour cette technique, mais il ne faut pas y penser trop longtemps. Sinon, on fait des cauchemars.
- On se désintègre dans une solution aqueuse. Mais, une partie de ce qu’il reste de nous part dans les égouts…
Bof… Aucun des trois ne me tente réellement! Est-ce qu’on ne peut pas prendre une autre voie? Il semble que non, malheureusement!
Bien sûr, il faut laisser la place à la rationalité. Après le décès, notre corps n’est qu’un corps.
Malgré tout, depuis la nuit des temps, on a toujours respecté ce corps même après la mort. Nous sommes néanmoins à une époque où l’on y accorde de moins en moins d’importance. Peut-être, car l’on a compris que ce qu’on laisse derrière soi va bien au-delà de notre corps physique. Ou peut-être que plusieurs ne voient en cette réalité rien d’autre qu’une finalité…
J’ose toutefois espérer que ce n’est pas uniquement une question d’économie et de manque de temps.
Les rituels se révèlent essentiels pour traverser les différentes étapes de la vie. Toutefois, les rites de passage n’ont pas besoin du corps physique. Il ne faudrait cependant pas tout jeter par-dessus bord.
Car, peu importe la façon choisie pour disposer du corps de la personne qui nous est chère, il faut célébrer sa vie pour ce qu’elle a été, ne pas prendre de décision de manière hâtive, se respecter soi-même et respecter la volonté de l’autre. L’aquamation est une nouvelle option à considérer avec ses points positifs et négatifs. Il n’en demeure pas moins qu’il faut simplement (même si ce n’est pas simple du tout!) prendre une décision qui ne changera en rien, malgré tout, l’issue de la vie.
Sources : aquamation.ca, ici.radio-canada.ca, journaldequebec.com,