
Juillet et août 1914 : La marche vers la guerre
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Depuis le XIXe siècle, la région des Balkans divisée entre l’Empire ottoman et l’Autriche-Hongrie est déchirée par des tensions ethniques. La Russie alliée à la France et la Grande-Bretagne par la Triple-Entente, se pose défenseur naturel des peuples slaves qui rêvent d’être réunis sur un seul territoire. Lorsque le 28 juin 1914, l’archiduc Ferdinand d’Autriche est assassiné par des terroristes serbes à Sarejevo, il n’en faut pas plus pour mettre le feu à la « poudrière balkanique » et déclencher le réseau des alliances.
Après un ultimatum sévère au gouvernement serbe, l’Autriche-Hongrie déclare la guerre à la Serbie le 28 juillet 1914. Sans plus tarder, la Russie se mobilise contre l‘Autriche-Hongrie. L’Allemagne ne pouvant laisser son allié autrichien seul contre les Russes entre en guerre le 1er août. La France qui appuie la Russie, décrète la mobilisation générale bientôt suivie de la Grande-Bretagne et de toutes ses colonies, dont le Canada. (Photo : Photo de Hulton Archive/Getty Images)
Août 1914 : les Allemands pénètrent en Belgique selon le plan Schlieffen
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Prise en étau entre la France et la Russie, l’Allemagne risque de devoir lutter sur deux fronts. Pour éviter de diviser leurs forces, un plan du Grand État-Major, Alfred von Schlieffen, prévoit une offensive rapide à l’ouest pour battre les Français avant que les Russes ne se pointent à l’Ouest. Mais pour pénétrer en France en évitant les fortifications, il fallait d’abord envahir la Belgique, déclarée État neutre au siècle précédent.
En entrant en Belgique le 4 août 1914, les Allemands provoquent l’entrée en guerre de la Grande-Bretagne et se heurtent à une résistance beaucoup plus grande que prévu. N’empêche qu’au cours des premières semaines du conflit, le plan Schlieffen fonctionne à merveille et l’armée française recule jusqu’à la bataille de la Marne en septembre où ils parviennent à finalement stopper l’avance allemande.
Automne 1914 : l'enlisement
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Au début du conflit, tous les belligérants misaient sur une guerre rapide. Les soldats espéraient être de retour pour célébrer Noël avec leurs familles. Mais l’échec du plan d’invasion rapide de la France du côté allemand et de l’offensive à outrance du côté français contraint les deux camps à se replier sur leurs positions. La puissance de l’artillerie rendant les combats à découvert presque impossibles, chacun creuse des tranchées défensives.
Au cours de l’automne 1914, chaque partie tente de contourner les défenses par le nord. Cette série de bataille appelée « la course à la mer » s’achève sur un front de tranchées s’étendant sur plus de 800 km de la mer du Nord à la Suisse. C’est la fin de la guerre de mouvement et le début de la guerre de tranchées qui ne bougeront pratiquement plus jusqu’en 1918.
Mai 1915 : le torpillage du Lusitania par les Allemands
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Le 7 mai 1915, le paquebot transatlantique britannique Lusitania en provenance de New York est torpillé par un sous-marin U-Boot allemand. Le navire qui transportait environ 2000 passagers et un chargement de munition coule en quinze minutes, trop rapidement pour mettre la majorité des canots de sauvetage à l’eau. On estime qu’environ 1 200 personnes, dont 128 Américains, ont trouvé la mort dans cette attaque qui a scandalisé l’opinion publique des pays alliés et provoqué la montée des tensions entre les États-Unis et l’Allemagne.
La tragédie du Lusitania deviendra un symbole de la propagande antiallemande pour montrer que les « boches » n’hésitent pas à tuer des femmes et des enfants. L’épave du paquebot, localisée en 1935, repose à 93 mètres de profondeur au large de l’Irlande. Il a fallu attendre 1972 pour que le gouvernement britannique admette que le navire transportait un important chargement de munitions.
1916 : les hécatombes de Verdun et de la Somme
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Depuis l’automne 1914, les tentatives d’offensives des alliés pour percer les lignes allemandes échouent les unes après les autres et fauchent des milliers de vies. Le 21 février 1916, les Allemands lancent une offensive massive pour s’emparer de la ville de Verdun. Environ 2 millions d’obus s’abattent sur la défense qui ne fait absolument pas le poids. Le général Philippe Pétain, bientôt nommé en charge des opérations, parvient à résister à l’attaque qui s’éternise sur 10 mois. Dès lors, la bataille de Verdun, dont les pertes sont estimées à 360 000 Français et presque autant d’Allemands, deviendra un symbole de la résistance courageuse des Français.
Encore plus meurtrière, l’offensive alliée sur la Somme déclenchée en juillet 1916 avait été retardée par l’attaque sur Verdun. Malgré 1 million de pertes totales des deux côtés, dont 40 000 soldats britanniques en une seule journée, les Alliés ne parviennent pas à percer les lignes allemandes, mais forcent au moins l’ennemi à une retraite de 64 km. Un gain très mince en considérant l’ampleur des pertes.
Avril 1917 : les États-Unis entrent en guerre
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De 1914 à avril 1917, les États-Unis demeurent fidèles à leur politique isolationniste en refusant de se mêler des conflits des vieux pays. Mais dès 1915, le torpillage du paquebot Lusitania emportant une centaine de civils américains fait monter la tension d’un cran entre l’Allemagne et les États-Unis. Mois agressifs pendant quelques mois, les Allemands reprennent une guerre sous-marine encore plus intensive pour couper le ravitaillement des pays alliés.
À ces attaques illégales de navires neutres s’ajoute un télégramme intercepté en janvier 1917 par les services britanniques dans lequel les Allemands invitaient les Mexicains à s’allier à eux en cas d’entrée en guerre des États-Unis. C’en est assez pour le président Wilson, qui avait pourtant été élu en 1916 avec le slogan « Il nous a évité la guerre ». En avril 1917, les Américains déclarent la guerre à l’Allemagne et envoient les premières troupes dès le mois de juin. Jusqu’à l’armistice, près de 2 millions de volontaires américains se sont battus aux côtés des alliés.
Janvier 1918 : les 14 points de Woodrow Wilson
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Le 8 janvier 1918, le président américain Woodrow Wilson adresse un discours devant le Congrès au cours duquel il annonce son programme de paix et de reconstruction pour l’Europe en 14 points. S’appuyant sur le principe de la liberté des peuples à disposer d’eux-mêmes, le Président propose notamment la création de la Pologne, la liberté des mers, l’évacuation des territoires occupés et la mise sur un pied d’un organisme international de sécurité collective, la Société des Nations.
Même si seulement quatre points seront appliqués dans le traité de Versailles et le Sénat américain refuse de participer à la Société des Nations, les Quatorze Points du président Wilson ont eu un grand écho chez les peuples colonisés et ont suscité des espoirs de paix équitable. Fait cocasse : en apprenant l’existence du programme de Wilson, le premier ministre français, Georges Clémenceau se serait exclamé : « 14 points ! Même le Bon Dieu n’en avait que 10! »
Mars 1918 : La Russie signe une paix séparée avec l’Allemagne
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Aux prises avec des agitations populaires, les défaites militaires et les mutineries qui se multiplient, le gouvernement provisoire mis en place après la chute du tsar Nicolas II est remplacé par les bolcheviks en octobre 1917. Le nouveau parti unique dirigé par Lénine lance la révolution prolétaire et entame les négociations en vue de la paix promise au peuple. Mauvaise nouvelle pour les alliés.
En mars 1918, les bolcheviks signaient la « paix honteuse » avec l’Allemagne qui pouvait désormais concentrer ses troupes sur le front ouest. Par le traité de Brest-Litovsk, la Russie perdait environ 25 % de sa population (dont l’Ukraine, la Biélorussie et les pays baltes) 25 % de sa production industrielle et 75 % de son fer et de son charbon.
1918 : Les Cent-Jours du Canada
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Après l’offensive ratée des Allemands au printemps 1918, les Alliés gonflés des troupes américaines fraîchement débarquées, lancent une série d’offensives comprenant la bataille d’Amiens, la deuxième bataille de la Somme, la bataille d’Arras et la bataille de Cambrai. Cette série de batailles que l’on désignera plus tard comme l’offensive des Cent-Jours a fait plus de 1,8 million de pertes dans les deux camps du début du mois août à l’armistice du 11 novembre 1918. La contribution des troupes canadiennes réputées pour leur force offensive, fut telle qu’on parlera des Cents-Jours du Canada.
Sur les quelque 100 000 soldats impliqués, on compte 6 800 morts et 39 000 blessés. Les Canadiens ont avancé de 130 km et capturé environ 32 000 prisonniers. Malgré les lourdes pertes, les combats des Cent-Jours ont précipité la défaite de l’Empire allemand.
11 novembre 1918 : signature de l’armistice
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Accumulant les défaites sur le front ouest, l’Empire allemand perd peu à peu tous ses alliés au cours de l’automne 1918 : la Bulgarie s’effondre à la fin du mois de septembre, l’Empire ottoman tombe à la fin octobre et finalement, l’empire austro-hongrois demande l’armistice au début de novembre. Sur la pression de son état major, le kaiser Guillaume II finit par se résoudre à demander la paix. Les Allemands s’adressent alors au président américain Woodrow Wilson en espérant une paix qui s’appuie sur les 14 points présentés en début d’année.
Or, il n’y aura aucune négociation de l’armistice. Les alliés imposent les conditions de la paix : abdication du kaiser, démilitarisation et évacuation des territoires occupés et cession de l’Alsace-Lorraine et de la Rhéanie. L’armistice est signé à 5 heures du matin dans la forêt de Compiègne et prend effet à 11 heures précises. Dans la majorité des pays qui ont participé à la Grande Guerre, le 11 novembre deviendra un jour de commémoration du sacrifice de plus de 9 millions de soldats.
En juin 1919, par le traité de Versailles, les Alliés rendront l’Allemagne et ses alliés entièrement responsables de toutes les pertes de la guerre. Une paix sans merci qui annonce la prochaine guerre, encore plus meurtrière.