C’est toujours assez facile de se faire prendre au jeu des comparaisons. Que ce soit la nouvelle voiture de notre voisin, les voyages des personnes que l’on suit sur les médias sociaux ou les gens qui sont toujours habillés en carte de mode, on a beaucoup tendance à se comparer.
Le monde de l’investissement ne fait pas abstraction à ce phénomène. Comme conseiller financier, il arrive régulièrement que des investisseurs me disent que leur ami ou qu’un chroniqueur populaire a connu un bon rendement en utilisant une technique spéciale ou en investissant dans une compagnie révolutionnaire. Toutefois, tout comme les comparaisons de la vie de tous les jours, il faut se méfier des comparaisons de nos investissements avec ceux des autres.
Parler juste de ses bons coups
L’exemple le plus fréquent est celui du beau-frère qui vante sans cesse ses succès à la Bourse. Comment fait-il pour être si bon à prédire les hauts et les bas du marché boursier? Les chances sont qu’il nous parle seulement de ses bons coups. La meilleure analogie selon moi est celle des joueurs compulsifs. À les entendre parler, on dirait qu’ils gagnent chaque fois qu’ils vont au casino ou chaque fois qu’ils effectuent un pari sportif. Évidemment, ce n’est vraiment pas le cas et ce genre de personnes ont tendance à juste partager leurs expériences gagnantes et positives. Tout comme sur Instagram ou Facebook, les gens ont l’habitude de nous montrer seulement le beau et ce dont ils sont fiers. C’est pareil en investissement alors méfions-nous!
Des profils d’investisseurs différents
Pour le prochain point à prendre en considération, il faut revenir à la base de l’investissement, c’est-à-dire sélectionner des placements qui conviennent à notre profil d’investisseur à nous. Par exemple, lorsqu’on compare nos placements avec ceux des autres, il se peut très bien qu’en réalité on compare des pommes avec des oranges parce que nous n’avons pas tous les mêmes objectifs, le même horizon de placement ou la même tolérance de risque.
Un investisseur qui possède une grande tolérance au risque et pour qui des baisses de marché importantes ne l’affectent pas du tout peut se permettre d’investir dans des placements plus agressifs. Même chose pour un autre épargnant qui met de l’argent de côté pour sa retraite dans plusieurs d’années, ce dernier n’investit fort probablement pas dans le même type de placement qu’une personne retraitée. Dans les deux cas, il est impossible de comparer les rendements. C’est comme comparer les statistiques d’un gardien de but au hockey avec celles d’un attaquant; ça ne fait aucun sens.
Courir après le rendement
Autre raison pour laquelle c’est important de ne pas se comparer et de tenter de répliquer les bons coups des autres, est qu’il est parfois trop tard pour y investir. En effet, il se peut très bien que la majeure partie de la hausse d’une action ou d’un fonds soit déjà derrière nous. C’est sûr que ça peut être tentant de vouloir investir notre argent dans quelque chose qui a connu une hausse fulgurante dans les derniers mois et les dernières années. Cependant, c’est ce qu’on appelle « courir après le rendement ». Une erreur classique de plusieurs investisseurs qui ne font qu’investir dans quelque chose qui a bien fait dans le passé et qui par la suite vendent ces mêmes placements dès qu’ils ne performent pas bien. C’est ce qu’on appelle acheter haut (acheter à fort prix) et vendre bas (vendre à perte).
Investir dans un produit d’investissement simplement pour les rendements passés n’est pas une bonne technique; il faut investir dans un placement pour la qualité d’un gestionnaire de fonds par exemple ou dans l’action d’une compagnie pour l’avantage compétitif que cette entreprise possède sur ses compétiteurs. C’est primordial puisque les rendements futurs ne sont pas garants du passé.
En résumé, c’est sûr que l’humain est de nature compétitive, mais est-ce nécessaire pour notre épargne également? Dans le fond, lorsqu’on commence à épargner notre argent, on le fait pour nous même, pour nos projets futurs; alors pourquoi se comparer avec les autres? Aussi bien rester centré sur notre motivation première qui était de réaliser nos objectifs de vie qui va nous rendre heureux.
Président de Gestion de patrimoine ASF, Michel-Olivier Marcoux est chroniqueur à la télévision et à la radio, en plus de collaborer dans divers médias. En 2018, il remporte le prix Conseiller de la Relève pour le conseiller financier âgé de moins de 40 ans s’étant le plus démarqué. Il est titulaire d’une maîtrise en Science de la finance de la prestigieuse Villanova University aux États-Unis et est également coauteur du livre Investir en 2012, auteur du livre INVESTIR paru en 2016 et plus récemment auteur du livre «Investir pour assurer son avenir» paru en 2019.