Les aliments biologiques ont vraiment la cote. Si plusieurs se tournent vers eux pour les bénéfices qu’ils procurent à l’environnement, certains se demandent si cette façon de produire les aliments peut également être mieux pour la santé. Voyons de plus près ce qu’il en est.
Qu’est-ce qu’un aliment bio?
Un aliment biologique est issu de l’agriculture biologique. Au Québec, cette appellation est réglementée, ce qui signifie que les agriculteurs doivent respecter de nombreuses règles pour pouvoir décrire leurs produits comme « biologiques ». Par exemple, les aliments bio sont cultivés sans pesticides de synthèse, sans engrais de synthèse, sans utiliser de semences OGM, sans antibiotiques (en prévention) ni hormone de croissance et sans ajouter d’agents de conservation ou d’additifs de synthèse aux produits transformés.
Plus de nutriments?
Plusieurs études se sont penchées sur la qualité nutritionnelle des aliments biologiques comparativement aux aliments cultivés de façon conventionnelle. Par contre, dans l’ensemble, ils ne semblent pas vraiment plus nutritifs que ces derniers. Il ne faut pas oublier non plus que de nombreux facteurs peuvent influencer la valeur nutritionnelle des aliments : le sol, le climat, la variété, la quantité de lumière reçue… Ces facteurs pourraient même avoir plus d’impact que le fait de cultiver de façon biologique ou pas.
Moins de pesticides?
Sans surprise, les aliments biologiques présentent généralement moins de traces de pesticides que les aliments cultivés de façon conventionnelle. Toutefois, cela ne signifie pas nécessairement qu’ils sont meilleurs pour la santé. En effet, les petites doses de pesticides consommées dans les aliments ne semblent pas poser de risques pour la santé. S’ils s’avéraient nocifs même à petite dose, il n’en reste pas moins que ces risques sont minimes comparativement aux bienfaits qu’offre la consommation de fruits et de légumes. On risque davantage de nuire à notre santé en se privant de ces aliments.
Chez les agriculteurs, c’est une autre histoire. Les pesticides auxquels ils sont exposés à de plus grandes doses et à des fréquences plus élevées que les consommateurs semblent associés à des problèmes de santé comme la maladie de Parkinson, des malformations congénitales et des fausses couches.
Ainsi, même si les aliments biologiques ne sont pas meilleurs pour la santé que les aliments conventionnels, il n’en reste pas moins que l’agriculture biologique amène des bénéfices pour l’environnement et pour les producteurs agricoles. C’est donc un choix sensé de se tourner vers eux lorsque c’est possible.
Depuis juin 2009, le gouvernement canadien appose le logo « Biologique Canada » sur tous les produits canadiens ou importés qui respectent les normes canadiennes élaborées en ce domaine. Le logo permet ainsi à nous, consommateurs, d'identifier facilement un aliment biologique reconnu.
Des études peu concluantes...
Les études sont bien difficiles à interpréter. La qualité du sol, la température et la qualité de lumière durant la saison de croissance ou encore la variété de semence sont tous des facteurs qui peuvent influencer la teneur en éléments nutritifs des aliments. Or, ces facteurs étant souvent non contrôlés, il est impossible de faire des comparaisons justes.
De plus, beaucoup d'études sont faussées par des facteurs liés au style de vie des consommateurs de produits biologiques. Ceux-ci sont souvent plus actifs physiquement, ne fument généralement pas et boivent peu ou pas d'alcool. Il est donc tout aussi difficile de prétendre que les aliments biologiques sont plus bénéfiques pour la santé que les aliments conventionnels.
Bref, il y a encore trop peu de données probantes pour conclure sur les différences entre les deux types d'aliments.
Et la vitamine C alors?
Les études semblent toutefois s'entendre sur une chose : les aliments conventionnels contiendraient moins de vitamine C que les aliments biologiques. Très intéressant, certes, mais ne nous réjouissons pas trop vite. Bien que supérieures, ces teneurs en vitamine C ne seraient pas suffisamment importantes pour avoir un impact réel sur notre santé. De plus, l'ensemble des Canadiens consomment déjà quotidiennement la quantité recommandée pour cette vitamine.
Les pesticides... une toute autre histoire!
Si rien n'est encore vraiment prouvé côté valeur nutritive, les produits bio peuvent toutefois se vanter de ne renfermer aucun pesticide, herbicide ou fertilisant artificiel. En 2004-2005, le ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation (MAPAQ) a analysé environ 500 échantillons de fruits et légumes frais non biologiques du Québec. Les résultats ont montré que 33 % des échantillons contenaient des résidus de pesticides et que 1,5 % d'entre eux affichaient des concentrations supérieures aux normes légales. On y pointait du doigt, entre autres, les framboises et la laitue romaine. Ces concentrations n'étaient toutefois pas suffisamment élevées pour avoir un impact néfaste sur la santé.
Hypothèse concernant les antioxydants
Une hypothèse très intéressante a récemment été émise concernant la teneur en antioxydants des aliments biologiques. En plus d'être excellents pour notre santé, une des fonctions les plus importantes des antioxydants consiste à protéger les plants des insectes ravageurs. Puisque les aliments bio ne sont pas aspergés de pesticides, certains scientifiques soutiennent que ces aliments ont en quelque sorte été « forcés » de développer plus d'antioxydants pour se protéger contre les ravageurs.
L'achat de produits biologiques : un choix environnemental
L'adoption d'une alimentation biologique est avant tout un choix environnemental. Ce type d'agriculture respecte davantage les terres et leurs ressources. Comparativement à l'agriculture traditionnelle, l'agriculture biologique pollue moins les eaux et les sols et produit moins de gaz à effet de serre. À elle seule, cette raison suffirait pour encourager la production biologique!
L'importance de l'achat local
La prochaine fois que vous achèterez du bio, portez cependant une attention particulière à l'emballage et optez pour un produit québécois. Vous constaterez que les produits biologiques sont nombreux à venir d'ailleurs! Rappelez-vous qu'en parcourant quelques milliers de kilomètres pour se rendre à votre assiette, ils contribuent grandement à augmenter l'émission des gaz à effet de serre... Soyez vigilants!