En moins de 20 ans, le Pangasius a conquis le marché mondial. On en trouve dans presque toutes les poissonneries et vous en avez probablement déjà mangé. Mais ce poisson est-il au-dessus de tout soupçon?
Une première chaîne télévisée française émettait des doutes dès 2006. En décembre 2008, la télévision suisse sonnait l’alarme. Dans un reportage étoffé, la chaîne RTS diffusait un reportage portant sur l’élevage intensif de ce poisson d’eau douce, membre de la famille des poissons-chat.
Dans les faits, certains méandres du delta du Mékong, au Vietnam et en Thaïlande, abritent des millions de poissons. Nourri d’une pâte humide à base de riz, de son et de poisson, le Pangasius se développe rapidement. Les femelles subissent un traitement hormonal pour favoriser l’ovulation. Les sites d’élevage affichent donc des rendements élevés, soit près de 200 kilos au mètre carré. Or, une telle quantité de poissons, dans des espaces restreints, créent des problèmes. Les eaux sont contaminées par les déchets de nourriture et les excréments des poissons.
Des poissons suspects
Si certains consommateurs s’inquiètent des impacts de la pollution sur le poisson d’élevage, d’autres critiquent les méthodes de production utilisées par les éleveurs.
Un chimiste suisse a découvert des traces de Ciprofloxacine et d’Enrofloxacine, deux antibiotiques, dans les chairs d’échantillons en provenance du Vietnam. Même si les quantités respectaient les normes européennes, sa consommation n’en demeure pas moins inquiétante pour plusieurs.
S’alarmer?
Il n’en fallait pas plus pour ameuter les téléspectateurs et les internautes. Sporadiquement, des courriels circulent sur les dangers que représente la consommation de ce poisson à chair rosée.
Or, l’Agence canadienne d’inspection des aliments (ACIA) se veut rassurante. Le poisson en provenance du Vietnam est inspecté, au même titre que le poisson provenant d’autres pays. Et, s’il ne respecte pas les normes canadiennes, son entrée au pays sera refusée.
Mais les inspecteurs ne peuvent scruter tous les lots. Il est donc normal, pour les consommateurs, de s’interroger sur la provenance de tous les produits qu’ils consomment, incluant les poissons.
Des contrôles plus stricts
Les consommateurs ne doivent pas s’inquiéter outre mesure. Les élevages vietnamiens et thaïlandais se conforment à la réglementation sur l’utilisation des antibiotiques. Toutefois, c’est l’accumulation de ces produits (la viande est également traitée) qui risque de favoriser le développement de bactéries résistantes aux antibiotiques chez les humains.
L’utilisation d’antibiotiques est très fréquente en aquaculture. De la même façon, la moulée servie aux poissons contient de l’huile de poisson. Après la vache folle, le poisson fou? Certains estiment que leurs craintes sont justifiées. Or, jusqu’ici, rien ne prouve que la consommation de ce poisson puisse être dangereuse pour les humains.
Les autorités se font rassurantes. Le Pangasius compte parmi les espèces qui accumulent peu de toxines, à l’instar du saumon et du tilapia, par exemple. De plus, sa croissance est rapide dans les eaux chaudes. Il ne reste donc pas très longtemps en élevage, ce qui réduit les risques de contamination.
La chair du Pangasius, faible en gras, offre un goût et une odeur très subtils, qui s’apparentent à la sole. Elle est prisée des consommateurs en raison de son prix peu élevé.
Craintes démesurées ou poisson toxique, le Pangasius se retrouve parfois en eaux troubles. Toutefois, des normes d’élevage et d’importation plus strictes ont de quoi rassurer le consommateur. Consommé modérément, il ne semble présenter aucun risque significatif pour la santé. Mais la décision de l’inclure à votre menu vous appartient…