L’agriculture et l’élevage biologiques, ce n’est rien de nouveau ni une « tendance » réservée aux snobs : c’est tout simplement la manière dont toute l’humanité s’est nourrie pendant des millénaires, jusqu’à l’apparition des productions industrielles à très large échelle ainsi que des pesticides chimiques, à partir des années 1950.
Ce segment de notre économique agricole est en très forte progression depuis les dernières années et à beaucoup changé. Il mérite qu’on s’y attarde à nouveau!
Qu’est-ce que ça signifie, le bio?
De nos jours, offrir un produit bio demande une certification, avec un cahier de charges exigeant et des contrôles stricts. Lorsque vous voyez cette certification sur un produit du Québec, cela signifie que :
- La protection de l’environnement est assurée, par exemple à travers la rotation des cultures, le recyclage, l’enrichissement des sols, la promotion de la biodiversité et le bien-être animal.
- Les pratiques de la ferme sont encadrées, ce qui exclut d’emblée l’utilisation de pesticides chimiques, d’OGM, d’antibiotiques, d’hormone de croissance ainsi que d’irradiation pour traiter les aliments.
- Le produit est traçable, de la ferme jusque dans votre assiette, avec une responsabilité pour les détaillants de s’assurer que les produits sont bel et bien certifiés.
Petit survol mondial
L’agriculture biologique, c’est loin d’être marginal! La demande mondiale pour les produits bio a plus que doublé dans le monde durant les 10 dernières années, passant de 40 milliards de $ en 2006 à 88 milliards en 2016. En 2018, ce montant devrait atteindre les 100 milliards! Grosso modo, la part de marché du bio sur la planète est maintenant d’environ 5 %.
Même si ce n’est probablement pas le premier pays qui vient en tête lorsqu’on pense à la nourriture biologique, les États-Unis représentent environ 45 % de la demande mondiale pour les produits bios. Le Canada, qui compte 10 % de la population de notre voisin du Sud, conserve la même proportion de demande pour le bio : soit 4,5 % de la production!
Mais ce n’est pourtant pas en Amérique du Nord que les gens « mangent le plus bio » en général… En effet, même si leur apport économique est moindre simplement parce que ce sont de petits pays, les endroits avec les dépenses les plus élevées per capita pour la nourriture biologique sont surtout situés en Europe. Voici le Top 10, dans l’ordre (Source : World Atlas. Statistiques datant de 2016.) :
- La Suisse
- Le Danemark
- La Suède
- Les États-Unis
- L’Allemagne
- La France
- Le Canada
- La Norvège
- La Grande-Bretagne
- La Chine (!)
Quelques statistiques sur le marché au Québec
Le saviez-vous? Le Québec est le leader canadien en production et en transformation de produits bio.
On compte à l’heure actuelle non moins de 2125 entreprises qui détiennent une certification biologique. De ce nombre :
- 1550 sont des entreprises de production agricole
- 415 entreprises font plutôt de la transformation.
Il y a désormais près de 10 000 produits biologiques québécois certifiés! Depuis 2010, une moyenne de 700 nouveaux produits biologiques québécois s’ajoutent à la liste chaque année.
Parmi les entreprises de production agricole bio d’ici :
- 53 % produisent des végétaux (légumes, fruits, herbes, alcools, etc.)
- 35 % sont dans le domaine des produits de l’érable
- 12 % élèvent des animaux.
Les deux plus gros segments d’aliments bio au Québec sont sans contredit le sirop d’érable (plus de 500 entreprises, environ 39 % de la production totale) et la canneberge (avec 25 % de la production totale, le Québec produit près de 90 % des canneberges bio au monde!) Source : Statistique Canada
Quelques statistiques sur les consommateurs
Un québécois sur deux (50 %) a déjà acheté des produits biologiques. Parmi ces derniers, 38 % consomment des aliments bio chaque semaine et 20 % le font plutôt chaque jour! On parle de beaucoup de gens ici.
Pratiquement toutes les épiceries offrent maintenant une sélection intéressante de produits biologiques (d’ici ou d’ailleurs), ce qui est très différent d’il y a 10 ans à peine! Les grandes chaînes font également des efforts pour promouvoir les aliments biologiques (par exemple par des réductions de prix régulières), ce qui contribue certainement à les faire connaître et surtout à les adopter!
C’est ainsi que 40 % des gens qui achètent bio au Québec le font pour entre 11 % et 30 % de leur panier d’épicerie, tandis que 22 % des consommateurs qui achètent bio le font pour plus de 30 % de leur panier.
Quelles sont les raisons qui les motivent? La prévention en matière de santé (nourrir sa famille avec des aliments exempts de pesticides chimiques, par exemple) est souvent l’élément déclencheur qui poussent les gens vers le bio. C’est en effet l’argument le plus cité, par 89 % des gens. La texture et le goût des aliments était la 2eraison, avec 74 % des gens. L’impact positif sur l’environnement était également une raison majeure.
Et le prix?
Le prix plus élevé des aliments biologiques correspond souvent au principal frein à son adoption, dans une époque où le consommateur se fait souvent répéter que « payer le moins cher possible » est le critère principal de vente (et même souvent l’unique critère).
La bonne nouvelle, les aliments bio sont aujourd’hui moins chers qu’il y a 10 ou 15 ans, entre autres grâce à l’augmentation du volume et la distribution toujours croissante dans les grandes surfaces, qui ont un immense pouvoir d’achat.
Et même si les aliments bio sont toujours plus chers que leurs cousins conventionnels de nos jours, il est important de comprendre pourquoi. L’agriculture biologique demande en effet plus de travail, parce que sans apport chimique, tout le travail (désherbage, prévention des infestations, enrichissement de la terre) doit être fait manuellement. En général, plus les gens s’informent et apprennent « l’histoire » derrière ce qu’ils mangent et plus ils acceptent cette différence de prix.
Producteurs bio d’ici : quelques exemples inspirants
La Ferme des Quatre-Temps
De plus en plus connue grâce à l’émission de télévision Les Fermiers, ce « projet expérimental de ferme de demain » est situé à Hemmingford, en Montérégie. La ferme comporte 160 acres et combine la culture maraîchère biologique, les pâturages pour le bétail et la volaille, des îlot boisés pour la production porcine et une cuisine-laboratoire pour la transformation.
Il est très difficile de ne pas s’attacher à Jean-Martin Fortier, jeune fermier nouveau genre, passionné et qui est à la barre de toute une nouvelle révolution agricole au Québec! La ferme a un kiosque au Marché Jean-Talon à Montréal, de mai à novembre.
Le Domaine des Pervenches
Ce petit domaine situé à Farhnam, dans les Cantons de l’Est, ne paie peut-être pas de mine mais il a deux atouts majeurs : les vignes parmi les plus vieilles dans la province et celui qui a été souvent désigné comme « le meilleur vigneron au Québec », Michaël Marler. Avec sa conjointe Véronique Hupin, il a voyagé sur plusieurs continents pour trouver un petit vignoble à exploiter, pour finalement décider de revenir s'installer au Québec et tenter sa chance.
Depuis 2005, la vigne est cultivé en mode certifiée biologique et suivant les principes de la biodynamie. Leurs vins, parmi les rares au Québec à contenir du chardonnay (un cépage très sensible au froid), sont d’une qualité exceptionnelle et on en parle partout dans le monde.
La Ferme des Chutes
Situé à St-Félicien au Lac-St-Jean, cette ferme laitière appartient à la famille Bouchard depuis plus de 40 ans. Après quelques années en production conventionnelle, les propriétaires décident d’effectuer une transition vers le bio à la fin des années 70. Les changements sur la santé des animaux et la qualité du lait sont, après quelques années à peine, renversants. Aujourd’hui, l’entreprise exploite 7 fermes, dont 2 appartiennent toujours aux Bouchard. Les vaches sont nourries à l’herbe au pâturage en saison et d’un mélange d’herbe et foin sec bio l’hiver. Cette alimentation naturelle de plantes fourragères et sauvages donne un goût exquis au lait!
Le lait sert à la production du fameux Lait Nordique Biologique, un produit remarquable de la coopérative Nutrinor. La ferme produit également du fromage artisanal (des cheddars avec différents degrés de mûrissement, tous plus intéressants les uns que les autres, ainsi que du fromage en grains) et du yogourt fermier.
La plupart des statistiques citées dans cet article ont été fournies par l’organisme Le Québec Bio, dont le site Web est une référence incontournable!